La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



samedi 18 janvier 2025

William Turner

 

William Turner (1775-1851) est une big big star. Et si vous avez visité la Tate Britain, vous connaissez ses spectaculaires paysages. La production de Turner est énorme.

D'ailleurs, j'ai déjà publié un billet à son sujet.

Je me souviens avoir découvert Turner il y a longtemps dans une exposition où il y avait uniquement des aquarelles et des dessins de la Normandie. Le programme du jour sera plus habituel, des paysages, la mer, la lumière.


Londres depuis Greenwich park (1809 Queen house).

Il y a eu sur ce blog un billet enthousiaste sur Greenwich, d'où l'on voit tout Londres et je vous avais déjà montré ce tableau. Au premier plan, le parc à gibier, au milieu les bâtiments de Greenwich et à l'arrière-plan, à l'horizon Londres. Le tout dans un dégradé, du plus réaliste au plus évanescent.



Cockermouth Castle (conservé à Petworth House).
Les châteaux anglais abritent tous (ou presque) des paysages de Turner. C'est vraiment le truc chic (d'ailleurs au mur de ma chambre, il y a un poster d'après une peinture de Turner, c'est vous dire). Le comble est atteint à Petworth House, qui conserve une collection de peintures avec des Turner, mais aussi des peintures que Turner a réalisées sur place, pour le château, à partir du parc du château (un billet enthousiaste sur ce château et son extraordinaire salon sculpté en bois). Bref.
Ici la représentation d'un très beau château en ruines, parce que la ruine anglaise est si évocatrice comme vous le savez. Les vieilles pierres se dressent dans la lumière du petit matin et leur masse sombre se reflète dans l'eau de l'étang.

Vue d'High Street à Oxford (1810 Oxford Ashmolean)
Parce que l'on associe Turner aux paysages vaporeux, voici une représentation très réaliste (mais aux proportions revues) de la rue principale d'Oxford. Les grands collèges flanquent les deux côtés et les dignes universitaires vêtus de noir arpentent la rue.

Matin glacé (1813 Tate Britain)
Un de mes tableaux préférés, avec cette lumière si particulière aux matins d'hiver, quand il y a du soleil, mais qu'il fait si froid. Le sol est dur et gelé. Quelques figures entament les travaux des champs.


Le Mont Saint-Michel en Cornouailles (1834 V&A).

J'espère que tout le monde connaît cet îlot charmant, l'autre Mont Saint-Michel. Représentation réaliste des pêcheurs et de leurs familles, des bateaux et des gestes de la mer, mais à l'arrière plan l'île se dresse, blanche comme l'ivoire, dans un ciel où la lumière tombe d'une trouvée miraculeuse. Les deux registres se mêlent dans le trouble d'une atmosphère commune.



Incendie du Parlement (1834 Philadelphie museum).

Un des chefs d'oeuvre du maître, avec cet éclat de lumière foudroyant. Les tours du Parlement se devinent dans l'éclat du feu et toute la toile est éclairée par l'incendie. Il nous en met plein les yeux.


 

La grotte de Queen Mab (Roméo & Juliette) (1846 Tate).

Homme du XVIIIe siècle, Turner est aussi un romantique (et il a dû lire les romans gothiques anglais). C'est un familier du théâtre et son oeuvre regorge de portraits d'actrices, de scènes de théâtre et de représentations scénographiquement très construites. Ici, dans un décor irréel, une architecture suspendue entre le ciel et l'eau, le trou d'une grotte au premier plan, et des fées qui tournoient. La touche du peintre excelle à rendre cette atmosphère magique - théâtrale, propre à la fiction et aux rêves.


Mercure et Argus (1836 Ottawa), avec un détail. 

On reste dans une lumière magique, pour un sujet mythologique. Le paysage de l'arrière-plan est vraiment digne de Claude Lorrain, un peintre que Turner admirait et connaissait bien. Au premier plan, le bétail broute dans une scène des plus bucoliques et vaguement enchantée.



Un naufrage avec bateaux de pêche (1840 Tate).


Vagues et vent (1840 Tate).
L'on épilogue souvent à propos des peintres anciens sur le thème "déjà de l'abstraction", "l'abandon du sujet", "la couleur pure". Alors évidemment ces peintures, à nos yeux, sont abstraites et ne "figurent" rien. Mais cet exercice est un peu stérile et vide de sens. Turner était peintre et en tant que tel s'intéressait d'abord... à la peinture, j'entends au pinceau, à la pâte, à la couleur, à la lumière. Il n'était pas au courant de la naissance lointaine d'un truc appelé "abstraction". Il a laissé des dizaines d'études, d'esquisses, d'essais, où la peinture à l'huile s'essaie à attraper l'écume et les embruns, les nuages et les jeux de lumière dans les gouttes d'eau et dans l'air humide en mouvement. Ce sont des merveilles de poésie, inséparable de son oeuvre tout entier.
Rien ne nous empêche de voir dans ces peintures la représentation réaliste d'un rivage sous un ciel ombrageux.


La semaine prochaine, quelqu'un que vous connaissez probablement.


2 commentaires:

  1. Ah j'aime! Rien que pour lui on irait en Angleterre!
    Et puis dans la dernière on voit ce qu'on veut, j'ai l'habitude de rêvasser ainsi. N'y

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  2. Il y a beaucoup de nostalgie dans les peintures de Turner. Et oui, on pense au roman gothique. C'est beau.

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