Catherine Meurisse, Le Pont
des arts, Paris, Sarbacane, 2012.
Cet album relate de façon
humoristique et potache les liens qu’entretiennent peinture et littérature,
sujet qui m’intéresse particulièrement, l’ayant moi-même enseigné (j’ai
retrouvé mon programme in extenso). Les
dessins sont amusants, caricaturant les individus et refaisant les tableaux, le
texte est constitué d’un tissage entre propos authentiques des hommes de
lettres, blagues et jeux de mots divers… les clins d’œil sont nombreux pour les
connaisseurs !
L’histoire démarre avec la
critique d’art de Diderot en extase devant les toiles de Chardin (Ce n’est pas
du blanc, du rouge, du noir, que tu broies sur ta palette, c’est la substance
même des objets… etc.) même si l’auteur n’oublie pas de rappeler des
interprétations plus psychanalytiques des célèbres natures mortes. Nous nous
rendons ensuite à Nohant, où Delacroix tout en faisant le portrait de George
Sand, dispense ses leçons au fils de la maison – un parfait crétin.
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Pour lire la vraie version de ce dialogue, RDV chez George (merci pour l'info) |
Les
courants d’air de Nohant qui rendent malade le pauvre Chopin sont là aussi.
Les
propos de Delacroix à propos du coloris sont extraits de son journal et tout à
fait pédagogiques ! De façon générale, Delacroix est très bien servi par
le livre, aux dépens d’Ingres, ce qui est injuste à mon sens.
Après
Théophile Gautier, le grand critique d’art du XIXe, c’est Baudelaire qui
organise une visite guidée, parapluie dressé, dans le musée d’Orsay (oui, les anachronismes sont
jouissifs). Avec Zola, nous abordons la peinture de Manet et le scandale de l’Olympia – mais Zola n’en sort guère grandi. Les épisodes
suivants s’intéressent à Proust et à un certain petit pan de mur de jaune, puis
à la peinture de Moreau vue par Jean Lorrain, à la Nadja de Breton, au vol de la Joconde en 1911 et à Apollinaire.
Le livre se conclut sur
Balzac qui « ce jour-là, comme tous les autres jours, en fait des
caisses » et entame l’écriture du Chef d’œuvre inconnu,
roman illustré par Picasso.
Difficile de décrire les jeux de
mots et allusions fines, ce livre est drôle et intelligent. Il réjouira tous
ceux passionnés par le XIXe siècle littéraire et artistique.
Merci ma frangine pour ce cadeau
très réussi ! En bonne perverse utilitariste, je vais faire compter cet album pour les challenges suivants : George Sand et Honoré de Balzac.
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