La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



jeudi 19 décembre 2019

Or le souvenir de la Martine s’agitait dans l’esprit de Benoist comme une mouche emprisonnée.

Guy de Maupassant, Le Rosier de madame Husson, recueil de nouvelles paru en 1888.

Un recueil de nouvelles que j’ai choisi, car j’ai été attirée par ce mystérieux rosier.
Pas de nouvelle fantastique ici. La majeure partie traite des rapports entre les hommes et les femmes. La domination des femmes par les hommes, la façon dont certaines parviennent à se débrouiller malgré tout, la grande violence qui existe entre les deux sexes. 
Il y a une nouvelle en Corse.
Le mariage où les filles arrivent ignorantes et subissent la violence de maris pressés de jouir de leur propriété.
Une nouvelle où le patois normand est mis à l’honneur.
Une nouvelle grivoise, assez comique : messieurs, avant d’embrasser un fessier, vérifiez de qui il s’agit.
Et maintenant, je sais qui est ce mystérieux rosier ! Évidemment, c’est à lire absolument.

Un homme qui ne distingue pas une langouste d’un homard, un hareng, cet admirable poisson qui porte en lui toutes les saveurs, tous les arômes de la mer, d’un maquereau ou d’un merlan, et une poire crassane d’une duchesse, est comparable à celui qui confondrait Balzac avec Eugène Sue, une symphonie de Beethoven avec une marche militaire d’un chef de musique de régiment, et l’Apollon du Belvédère avec la statue du général de Blanmont !

Le prévenu Brument interrompt avec vivacité la déposition et déclare :
- J’étais bu.
Alors Cornu, se tournant vers son complice, prononce d’une voix profonde comme une note d’orgue :
- Dis qu’j’étions bus tous deux et tu n’mentiras point.
Le président, avec sévérité. – Vous voulez dire que vous étiez ivres ?
Brument. – Ça n’se demande pas.

Donc, Brument vint à mon établissement vers les neuf heures, et il se fit servir deux fil-en-dix, et il me dit : « Y en a pour toi, Cornu. » Et je m’assieds vis-à-vis, et je vois, et par politesse, j’en offre un autre. Alors, il a réitéré, et moi aussi, si bien que de fil en fil, vers midi, nous étions toisés.
 
Sisley, Vue de Saint-Mammès, 188,  Baltimore Walters Art museum
Maupassant sur le blog (je suis une inconditionnelle) :
Au soleil (suivi de La Vie errante) - Bel-Ami - Boule de suif - Clair de lune - Contes de la bécasse (premier billet et second billet) - Contes et nouvelles de la campagne (Pays de Caux, vol. 2) - Dimanches d'un bourgeois de Paris (les) - Fort comme la mort - Horla (le) - Maison Tellier (la) - Mont-Oriol - Moustache (la) - Notre coeur - Petite Roque (la) - Pierre et Jean - Une vie
Le Horla, adaptation BD par Guillaume Sorel.

6 commentaires:

Cleanthe a dit…

Merveilleux Maupassant ! Et quel style!

keisha a dit…

Tu ne dis rien de ce rosier, mais sache qu'il y a eu un film avec Bourvil... (vieux souvenir)

nathalie a dit…

Indépassable !

nathalie a dit…

Tu en sais des choses ! Bourvil, pour un récit tendre et cruel, il doit être parfait.

Dominique a dit…

le rosier est une petite merveille, je l'ai lu un peu accidentellement très très jeune en y comprenant pas grand chose mais le titre m'était resté et du coup c'est comme ça que je suis venue nettement plus tard à Maupassant
un bonheur total en effet

nathalie a dit…

Étonnamment je ne l'avais jamais lu (bon il a beaucoup produit). Mais oui, un récit très bien mené comme toujours, entre rire et larmes.