La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



samedi 10 avril 2021

Église Saint-Louis à Marseille

 Église Saint-Louis à Marseille

 

Le blog est dans une série d’églises du XXe siècle. Jusqu’à présent, nous avons visité trois édifices construits après la Seconde guerre mondiale. Aujourd’hui, nous nous dirigeons vers Marseille et vers les années 1930.

SI vous êtes venus à Marseille par le train ou par l’autoroute, vous avez peut-être aperçu ce grand édifice, avec un dôme, que vous avez pris pour une mosquée et son minaret. Que nenni. Il s’agit de l’église Saint-Louis – une église quasiment communiste.

Plan de situation.


Dans les années 30, les quartiers ouvriers de Marseille grossissent. On est au Nord de la ville, pas loin du port ni des raffineries de sucre, des huileries ni de beaucoup d’autres entreprises et usines (aujourd’hui disparues). Une abondante main d’œuvre italienne et espagnole s’installe là, coupée de ses racines, et animée par le Parti communiste. Pour l’Église catholique, il s’agit de reconquérir ce petit peuple et de partir en mission grâce à un bel établissement. Le patronat local offre le terrain et l’argent. L’église Saint-Louis est inaugurée en 1935 après deux ans de construction. En 1945 s’installent dans la paroisse les premiers prêtres-ouvriers.

Regardez-moi ce machin !


Il y a un clocher carré. Un extérieur sobre, avec des bas-reliefs, sans couleur, mais impressionnant. Un ange Gabriel gigantesque sculpté dans le béton (#Prouesse) par Carlo Sarrabezolles tient une couronne d’épines. Il vient annoncer la bonne nouvelle, mais avec vigueur et affirmation, véritablement en mission ou en croisade. Il y a aussi un Christ en bas-relief en façade.

L’architecte est Jean-Louis Sourdeau. Il a conçu un édifice en béton de plan octogonal. Une grande coupole couvre l’édifice, qui est dépourvu de tout support. On a donc un vaste volume tout à fait majestueux (ce volume intérieur est malheureusement complètement cassé par l’installation d’une chapelle des années 80, le diocèse franchement !!! pffff). Les ouvertures sont rares, mais étudiées avec soin et la lumière tombe égale, abondante et douce.


Vue sur l'autel (avec échafaudage) et vue sur l'entrée, avec la tribune.


In excelsis deo


À l’intérieur, le programme iconographique suit deux axes qui ne sont pas forcément complémentaires : la culture ouvrière et le roi Saint Louis. Alors, ce mélange est un peu inattendu (#Euphémisme).

Nous voyons donc un gigantesque lustre en forme de couronne d’épines (je trouve ça d’un goût douteux). Des vitraux avec Tunis, la couronne d’épines, Saint Louis, les bateaux qui rappellent la croisade, etc.


Le lustre couronne d'épines.

Les beaux vitraux qui rappellent les croisades.


À l’origine des peintures de Vasarely se trouvaient dans le chœur, mais elles ont été enlevées il y a quelques années.

Il y a un très beau chemin de croix réalisé en 1936 à fresque, dans un camaïeu de bruns, par Roger Martin-Ferrières.


L'enchaînement des scènes sans séparation. L'absence de profondeur. Le décor réduit à sa plus simple expression. Des figures monumentales, au dessin à la fois simplifié et expressif, un peu anguleux. Et les visages fermés. Le très beau rendu des draperies, c'est de la belle peinture figurative telle qu'elle revenait dans les années 30 (par un artiste qui a dû étudier les fresques de Vic). Cette sobriété est parfaitement cohérente avec l'architecture de l'édifice. Une peinture âpre et rude !


Il y a deux grandes peintures réalisées par des affichistes de cinéma marseillais en papier marouflé dans les années d’immédiate après-guerre. On sait que les prêtres et les paroissiens se sont mobilisés collectivement pour leur fabrication. On est en plein réalisme socialiste ! 

Sur l'une, on voit la silhouette du Christ, secondée par un ouvrier qui en semble l’incarnation concrète, porter la Croix pour libérer ses frères humains.


Sur l'autre, des ouvriers issus de différents pays proclament la solidarité internationale ouvrière (mais virile hein !), la fraternité pour aller vers un monde meilleur.


Voilà, c’est au Nord de la ville, c’est très beau, c’est marseillais et vous ne verrez pas ça ailleurs.

On y va en prenant le bus B2 ou le 25 depuis Capitaine Gèze. Les horaires d’ouverture sont un peu spéciaux cette année, ils s’élargiront peut-être dans quelque temps.

Merci Aliénor de m'avoir accompagnée pour cette visite !

 

Série sur les églises du XXe siècle : l'église Sainte-Jeanne-d'Arc à Rouen ; l'église Saint-Joseph au Havre ; l'église Notre-Dame à Royan. La semaine prochaine, cap au Nord et étape à Paris !




8 commentaires:

keisha a dit…

Tu sais quoi? Je rêve d'un tour de France (en train!) pour découvrir ces églises, tu vois le thème plein d'intérêt! Donc merci, il n'y a pas que le roman dans la vie ^_^

nathalie a dit…

Mais oui ! Bon il vaut mieux éviter de faire Rouan-Marseille en train mais sinon oui, grande tournée touristique à prendre le café dans ces villes... oui, je délire là.

eimelle a dit…

je veux bien délirer avec vous! que cela nous manque !

nathalie a dit…

C'est terrible ces souvenirs de voyage, de petites balades toutes simples où juste on se promenait en mangeant une glace.

miriam a dit…

Quand tu auras fini avec les églises en béton du XXème siècle je te propose une église en bois (une cathédrale) du XXIème chez moi à Créteil.

Nathalie a dit…

Tu en as déjà parlé mais tu as remarqué que je ne pouvais pas vraiment me rendre à Créteil tout de suite. Il vaut mieux que tu en parles sur ton blog sans m’attendre.

keisha a dit…

Oui, c'est à Miriam de prendre le relais!

nathalie a dit…

Ouiiiii ! Parce que je ne parle que d'édifices que j'ai visités.