La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



jeudi 3 mars 2022

L’ombre du typhon nettoie l’escalier et toute la maison bouge.

 Catherine Meurisse, La jeune femme et la mer, mise en couleur par Isabelle Merlet, 2021, Dargaud.

 

Meurisse nous propose le récit poétique d’une résidence d’artiste au Japon, au bord de mer.

L’album est à la fois un peu décevant et plein de charme. Je vous raconte.

Les dessins ne sont pas ceux des grandes planches lumineuses de DelacroixIci les petits personnages sont perdus dans de grandes aquarelles. Je suis un peu partagée à leur égard : j’ai souvent l’impression qu’elles manquent de vie et puis soudain elles s’animent avec humour et poésie. J’ai eu l’impression que l’art de Meurisse était un peu paralysé face à la beauté des paysages et la découverte du Japon. L’héroïne cherche à « peindre la nature » – quoi de plus cliché ? Cependant, au fur et à mesure, l’ironie et l’humour, et puis surtout une attention aux détails et aux spécificités, lui permettent de sortir de la carte postale.

J’ai apprécié l’humour avec lequel sont traités les haïkus et les citations poétiques, même s’il n’y en a pas suffisamment. Elle fait preuve de trop de retenue ou de trop de respect. J’ai apprécié la forme du récit, qui ne se fait pas au jour le jour, mais prend l’allure d’une grande promenade poétique dans les champs. J’ai apprécié aussi que nous soit épargné le couplet « Occidental s’émerveillant devant les trucs si différents du Japon » et que nous soyons immédiatement plongés dans l’essentiel : la nature, la peinture, avec toutes les difficultés que cela pose.


Finalement, l’album est sous-tendu par quelques grandes questions. Qu’est-ce qui différencie fondamentalement un paysage de chez nous d’un paysage du Japon ? Et comment la connaissance que nous avons de la peinture occidentale de paysage et de la peinture japonaise de paysage influence-t-elle notre regard ? Meurisse effleure le sujet, mais la promenade est bien agréable.

Il y a les échanges comiques avec le Tanuki comme guide de la dessinatrice. Il y a aussi l’irruption étonnante d’un mur contre les coulées de boue sur une plage (un passage très réussi et intéressant), la présente inquiétante et mystérieuse du typhon et l’animation du paysage (très bien aussi).

 

Meurisse sur le blog (je suis une grande fan) :

Le Pont des arts
Mes hommes de lettres - indispensable dans toute bibliothèque qui se respecte

La Légèreté - et un second billet - très très beau
Moderne Olympia
Les grands espaces 
Delacroix sur un texte d'Alexandre Dumas - ah oui magnifique.

 



 

2 commentaires:

Dominique a dit…

j'ai déjà noté les Bd grâce à toi en vue de cadeaux

nathalie a dit…

C'est le succès assuré et je pense que tu apprécieras plusieurs d'entre elles.