Série sur l’iconographie de l’enfance de Jésus à partir de mes photos, aujourd’hui quelques rituels d’une famille juive ordinaire, avec la Circoncision et la Présentation au temple.
Tout d'abord, la circoncision : il s’agit de l’ablation totale ou partielle du prépuce. Ce rite est obligatoire pour les juifs et donc Jésus n’y a pas coupé. Elle a lieu le huitième jour – donc le 1er janvier, si vous suivez bien. (Jetons un voile pudique sur les conditions d’hygiène de l’opération, dans une étable de Bethléem.) À l’occasion de la circoncision, l’enfant reçoit son prénom, Jésus, qui avait été indiqué par l’ange au moment de l’Annonciation.
Plusieurs églises revendiquent la possession du Saint Prépuce. Et pourtant, comme le dit Wikipedia : "L'idée que le prépuce de Jésus a été conservé, et que, de plus, il aurait été transmis à travers les âges n'a aucun caractère de vraisemblance historique puisque, selon la coutume, le prépuce est enterré après la circoncision." Ceci explique, ainsi que les ricanements goguenards, le succès variable de ces reliques auprès des pèlerins.
En peinture, il faut noter que les peintres placent souvent l’épisode au Temple de Jérusalem et non dans la famille. D’ailleurs l’épisode de la circoncision est souvent confondue avec celui de la Présentation (il faut dire que les artistes chrétiens n’étaient pas familiers des rites juifs antiques). Ou alors il est vu comme une sorte de rite équivalent au baptême. L’épisode peut aussi être représenté de façon à suggérer la Crucifixion à venir (position de l’enfant, taille du couteau).
Dans mon ordinateur, une seule représentation, celle produite par l'atelier de Giovanni Bellini (1500, HB, Londres NG). Ici, tout est retenu et délicat dans une quasi-absence de décor. Pas de grand couteau ni de bassin pour recueillir le sang. L'enfant attend, sans rien dire. J'aime bien l'aide qui retient le vêtement de l'officiant (qui ressemble beaucoup à un prêtre), autant pour lui dégager le bras que pour montrer au spectateur la splendeur de son vêtement avec cette doublure rose et ses broderies très orientales qui ornent sa manche. Notez la signature de l'artiste au bord de l'oeuvre.
La Présentation au Temple (de Jérusalem) a lieu, quant à elle, début février. Il s’agit là-encore d’un rituel juif : le rachat du premier-né masculin à Dieu. Dans l’épisode, le prix du rachat consiste souvent en deux tourterelles. À cette occasion, la famille rencontre Syméon, un vieil homme qui avait été averti par le Saint-Esprit qu’il ne mourrait pas sans avoir vu le Christ et qui bénit l’enfant.
On fait souvent de Syméon le grand prêtre, alors que ce n’est pas nécessaire. Et le sacrifice des colombes annonce évidemment le futur sacrifice de Jésus, tout en faisant écho au sacrifice d’Isaac par Abraham dans l’Ancien testament.
C'est la photo de Wikipedia ! Marie et Joseph ont été remplacés par Marie et Anne. Anne, pas la mère de Marie, mais Anne la prophétesse, qui joue le même rôle que Syméon, à qui Marie tend l'enfant. La mère et le fils sont donc encadrés par ces deux prophètes. Réflexion faite, Joseph n'est pas représenté une seule fois à Vic. L'essor du culte marial n'est pas une légende !
"n'y a pas coupé" : tu as osé! ^_^
RépondreSupprimerBien vu, le détail des rayures orange et noir. Et du manteau replié.
Les tourterelles indiquent une famille assez pauvre (sinon c'est un agneau), cérémonie aux quarante jours après l'accouchement, expiation pour la mère.
Inépuisable Vic!
Oui, j'ai osé, j'avoue tout.
SupprimerLes fresques de Vic sont bien, elles sont pédagogiques et tout. Je regrette de ne pas pouvoir photographier celles de St Savin sur Gartempe pour illustrer l'Ancien testament !
On n'a pas le droit? Ou c'est loin de chez toi?
SupprimerC'est un peu loin, près de Poitiers, et on n'a pas le droit de photographier. Et puis les fresques sont sur la voûte, loin du sol. En revanche, on peut photographier la copie de la Cité de l'architecture, mais ça a moins de charme.
SupprimerSi tu ne connais pas, il faudrait que tu ailles voir ça !
A une centaine de km de chez moi, je ne connaissais pas, ça m'a l'air wahou, prévoir jumelles...
SupprimerDe toute façon, sans téléobjectif ou matos correct, on ne doit pas voir grand chose. Et puis, juste les yeux et pas de photo, c'est un concept. ceci étant, ton blog dit Snif.
Ils fournissent les jumelles. On voit très bien. Vas-y et arrête-toi à Chavigny, l’église est aussi très belle.
Supprimerde bien beaux tableaux pour une pratique un rien barbare !
RépondreSupprimerCertains tableaux sont impressionnants et jouent complètement sur le côté menaçant, mais Bellini me semble très bien.
SupprimerJ'ai photographié un tableau du musée national d'art antique de Lisbonne sur la circoncision d'un maître inconnu (1550). La caricature (certainement de caractère antisémite) est saisissante.
RépondreSupprimerCe qui est logique : si la Circoncision annonce le futur martyre de Jésus, dans ce cas il est normal d’y placer les futurs bourreaux dans une logique antisémite classique (le fameux « il le leur livra »).
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