Terry Pratchett, Trois sœurcières, parution originale 1988, traduit en français par Patrick Couton.
Le roi d’un petit royaume est assassiné (jusque-là, normal), et il devient un fantôme hantant son château (normal aussi), mais sa couronne et son fils parviennent à être sauvés. Les trois sorcières locales les confient à une troupe de théâtre itinérante. Le jeune héros reconquerra-t-il son trône ou s’en fichera-t-il complètement ? L’usurpateur parviendra-t-il à effacer la tache de sang qui imbibe jour après jour sa main ? Et les sorcières ?
C’est une façon de le raconter. Mais il en est une autre. C’est un roman qui joue avec le théâtre, avec Shakespeare, ses rois, ses fantômes et ses sorcières, avec La Vie est un songe, avec le roi Lear et avec Macbeth, mais aussi avec les arbres, eux qui constituent l’identité première du royaume et qui peuvent refuser un mauvais roi. Le tout avec des jeux de mots pendables et des références fines.
Vous connaissez pas le théâtre ? s’étonna Magrat.
Mémé Ciredutemps, qui n’avouait jamais son ignorance en quoi que ce soit, n’hésita pas. « Oh, si, fit-elle. C’est un de ces machins, là, hein ? »
Il y a d’une part le thème du théâtre, avec le pouvoir des mots et de l’illusion, et d’autre part celui des sorcières, les vieilles sorcières traditionnelles qui font des potions, et les jeunes sorcières New Age qui se préoccupent du pouvoir des herbes cueillies à la pleine lune.
Et puis il y a le vent qui teste ses différents effets, comme un acteur.
Fantômes de l’esprit et autres faux-semblants, tous dehors. J’ordonne à la Vérité de… – elle hésita – … de faire son blablabla.
Rackham, Peter Pan dans les jardins de Kensington, 1906 Tate |
C’est très distrayant. C’est une excellente lecture d’avion (testé dans un vol Montréal-Marseille et une nuit blanche). L’invocation du démon grâce à la lessiveuse m’a bien fait rire sous mon masque.
Le roman fait partie du cycle Les Annales du Disque-monde, mais peut être lu de façon totalement indépendante, donc allez-y !
La tempête se donnait vraiment à fond. C’était l’occasion ou jamais. Elle avait passé des années à moisir en province, à jouer les secondes rafales, à se rôder, à prendre des contacts, de temps en temps à faire une entrée fracassante devant les bergers sans méfiance ou à brûler les planches d’une malheureuse baraque. Voilà qu’une relâche dans la météo lui offrait la chance de tenir la vedette, et elle en rajoutait dans son rôle avec l’espoir qu’un gros climat la remarque.
C’était une bonne tempête. Elle projetait son feu intérieur, elle s’exprimait avec passion, et les critiques le reconnurent : pour peu qu’elle apprenne à mieux maîtriser son tonnerre, ce serait, d’ici quelques années, une tempête à suivre.
Le genre de truc qui doit marquer le traducteur, non?
RépondreSupprimerC'est Couton qui a traduit toute la série en français et il a été très inventif, avec une cohérence remarquable. C'est un brillant travail de traduction et adaptation.
Supprimerles sorcières sont dans l'avion!
RépondreSupprimerExactement !
SupprimerJ'ai essayé de lire la série "Les Annales du Disque-monde" mais je n'ai pas trop accroché
RépondreSupprimerComme c’est dommage !
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