Stéphane Guégan, Théophile
Gautier, Paris, Gallimard, 2011.
J’ai été amenée à lire l’énorme
biographie que Stéphane Guégan consacre à ce cher Théophile Gautier.
C’est une biographie pleine
d’informations qui retrace toute la vie de Théophile (ainsi que l’appelle
l’auteur). Pour assurer son rythme de vie, l'écrivain doit fournir copie à tous les
journaux du temps et tout est matière à des articles. Guégan le qualifie de
« forçat de la colonne ». Il lui arrive d’ailleurs de mentionner dans
sa correspondance « l’honorable recueil cuisse de nymphe émue qu’est La
Revue des Deux Mondes ». Il préfère La
Presse de Girardin, plus romantique. Il
publie des feuilletons, des nouvelles, des romans, des livrets pour des
ballets, de la critique théâtrale, littéraire et artistique, récits de voyage…
Grand voyageur, à la fois en quête d’impressions et envoyé spécial de plusieurs
journaux, il utilise les moyens modernes de transport pour parcourir l’Europe
et l’Orient. Il ne manque pas d’ailleurs de réfléchir à notre perception du
paysage modifiée par la vitesse (comme fera plus tard un certain Marcel). Aller
en Grande-Bretagne ou en Allemagne pour visiter une exposition, assister à une
corrida en Espagne, couvrir l’inauguration du canal de Suez et découvrir
Cordoue, la Turquie, la Grèce, l’Italie, l’Algérie…
Autour de lui gravite une
foule : Hugo le plus grand, Flaubert, Balzac, Baudelaire, les
propriétaires de journaux, les actrices, chanteuses et danseuses, les feuilletonistes…
on s’y perd un peu quelquefois, dans ce monde qui tient le monde des lettres.
Les femmes y sont nombreuses et importantes : Delphine Gay, George Sand,
Sarah Bernardt, Marie Dorval, les sœurs Grisi, Rachel…
L’auteur retrace le contexte
politique instable du XIXe siècle, mesurant les aléas de la
libéralité en matière de presse et les contingences matérielles.
Théophile Gautier par
Chasseriau, Paris, Institut,
image RMN.
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C’est un ouvrage plein de
profusion, qui n’est pas aisé à lire et dans lequel on se perd un peu. Mais
j’ai appris énormément de choses et j’ai particulièrement apprécié la
description de la première d’Hernani
comme un match où l’on vient à l’avance garder les places, en attendant on
boit, on mange (et autre) et puis quand est lancé le coup d’envoi, on siffle.
D’innombrables citations de
correspondance nous donnent accès au maître. Ici, à propos de Pompéi et des
traces des corps conservés :
« La rondeur d’une gorge a
traversé les siècles lorsque tant d’empires disparus n’ont pas laissé de
trace ! Ce cachet de beauté, posé par hasard sur la scorie d’un volcan, ne
s’est pas effacé. »
On se lance dans la lecture/ relecture de Gautier ?