La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mardi 6 septembre 2022

Mais c’est de l’égotisme abominable que tous ces détails !

 Stendhal, Souvenirs d’égotismes, rédigé en 1832 à Civitavecchia, laissé inachevé.

 

Encore un volet autobiographique.

Ce recueil rassemble un récit sur ses années parisiennes à son retour de Milan, vers 1821-1830, et dans mon édition (mais je n’ai pas l’impression que ce soit automatique) des lettres plus anciennes, notamment des lettres de Stendhal à sa sœur. C’est un peu décousu et la compréhension n’est pas toujours là, mais on est plongé dans l’esprit de l’écrivain.


Je me trouvais tous les défauts, j’aurais voulu être un autre.


Il raconte un voyage à Londres et son goût pour le théâtre de Shakespeare. Il y a aussi un séjour à Marseille, très sec et aride.

Stendhal commence à y dresser un premier bilan de sa vie, avant d’être l’auteur très connu qu’il deviendra. Il raconte un personnage attachant, qui rate ses amours et cultive les amitiés, privilégie l’Italie, qui nous semble à la fois proche et sympathique en dépit de la distance culturelle avec un homme du XIXe siècle. Il revient à Paris après un chagrin d’amour, mais il ne parle pas de ses amours partagés (en cœur uniquement) avec Matilde. Il fait preuve de beaucoup de pudeur dans cette attitude, disant qu’il veut éviter les blagues et réflexions sur la femme qu’il aime. Il rapporte également ses fiascos sexuels avec beaucoup d’humour.

Ce n’est pas un texte littéraire, qui se lit comme un roman, mais bizarrement je l’ai bien lu dans l’avion, même si j’ai nettement préféré La Vie d’Henry Brulard. Il y a de nombreux portraits de personnes aujourd’hui inconnues. J’aime bien cette conversation à bâtons rompus avec un auteur qui fait preuve d’esprit de liberté et d’indépendance.

 

Ai-je tiré tout le parti possible, pour mon bonheur, des positions où le hasard m’a placé pendant les neuf ans que je viens de passer à Paris ? Quel homme suis-je ? Ai-je du bon sens ? Ai-je du bon sens avec profondeur ?

Ai-je un esprit remarquable ? En vérité, je n’en sais rien. Encore par ce qui m’arrive au jour le jour, je pense rarement à ces questions fondamentales, et alors mes jugements varient comme mon humeur. Mes jugements ne sont que des aperçus.

 

Je suis content dans une position inférieure, admirablement content surtout quand je suis à deux cents lieues de mon chef, comme aujourd’hui.

(franchement, comment ne pas le trouver sympathique ?)

 

Borel, Adèle Mouton en robe bleue, 1857, Lyon BA


Stendhal est bien implanté sur ce blog : 

La Chartreuse de Parme - second billet
Histoire de la peinture en Italie
L'opéra de Sauguet, La Chartreuse de Parme
Chroniques italiennes - j'ai fait un second billet plus complet
Armance
Lucien Leuwen - il y a aussi un second billet
Le Rouge et le Noir - un second billet
Vie d'Henry Brulard


J’ai déjà lu Histoire de la Peinture en Italie, mais je vais essayer de me pencher un peu plus sur ses écrits italiens à présent (Rome, Naples et Florence, Promenades dans Rome et Mémoires d'un touriste).


6 commentaires:

Dominique a dit…

ah dans Stendhal tout n'est pas du même niveau mais y a rien à jeter au final

nathalie a dit…

Oui je reste quand même avec mon préjugé favorable à son égard !

miriam a dit…

on m'a offert(il y a 10 ans) Rome, Naples florence dans la très belle édition Diane Selliers une merveille

nathalie a dit…

J'ai L'Histoire de la peinture en édition illustrée, mais pour les autres titres, je crois que je me contenterai d'une brave édition de poche.

keisha a dit…

Haaaaaaaaaaaaa! je viens de commencer Mémoires d'un touriste, tu vois!

nathalie a dit…

Je ne connais pas du tout, j'espère que c'est bien.