Paul Cézanne (1839-1906)
Cézanne, impressionniste ? Et bien, vu comme Zola l’a étrillé dans L’Œuvre au nom de tous impressionnistes, pourquoi pas. Manifestement, ses contemporains le rattachaient à ce mouvement de jeunes peintres impossibles.
Donc, Cézanne.
Un Aixois, un ami d’enfance de Zola. Une jeunesse à Paris. Il copie les maîtres anciens au Louvre (oui, toutes les biographies d’artistes commencent de la même façon) et rencontre Pissarro, Renoir, Monet, Sisley, etc. Il participe à plusieurs expositions impressionnistes (et donc, oui, il en est). La reconnaissance vient à partir de 1888. Il vit installé à Aix, mais effectue régulièrement des allers et retours à Paris pour gérer son œuvre et rester en contact avec le monde de l’art.
C’est LE peintre de la Sainte-Victoire et de la campagne aixoise, ainsi que de l’Estaque.
Et puis Cézanne, c’est l’arrière-grand-père de tous les peintres du XXe siècle, pour qui la visite de ses expositions post-mortem constituent systématiquement un événement fondateur. Il est cité aussi bien par Kandinsky que Klee, Franz Marc, Picasso, etc.
Certaines de ses phrases sont comme autant d’axiomes : « traiter la nature par le cylindre, la sphère, le cône, le tout mis en perspective, soit que chaque côté d'un objet d'un plan se dirige vers un point central » (1904). Il s’intéresse moins à l’atmosphère et à la lumière qu’aux volumes.
Cézanne est vu comme l’ancêtre de la peinture moderne dans une histoire de l’art linéaire, qui irait de la peinture figurative à la peinture abstraite, comme s’il s’agissait d’un progrès continu. Les impressionnistes auraient ébranlé la peinture académique, Cézanne aurait donné les coups de pied, Picasso la démontant pierre à pierre et l’abstraction américaine l’achevant au bulldozer. Sauf que c’est n’importe quoi. L’art figuratif se porte très bien dans les années 1930, 1950 et encore aujourd’hui. Cézanne est important pour lui-même et parce qu’il nous permet de voir autrement, qu’il suggère un nouveau mode de représentation, qu’il montre qu’il n’y avait pas que le sujet ni que la lumière, mais aussi les volumes, qu’il propose une nouvelle possibilité à nos yeux. Bien sûr, il est fondateur pour tous les maîtres du XXe siècle, mais sans filiation simpliste.
Le château de Médan (1879 Burrell Glasgow). Un beau paysage. Le patchwork entre les toits et la végétation n'est pas sans rappeler Les Toits rouges de Pissarro. ll y a ce côté construction du paysage selon des lignes très articulées.
Nature morte au sucrier, aux poires et à la tasse bleue (1865, Orsay mais déposé à Granet). Je l'aime bien, car en le voyant on dit que c'est vraiment très moderne, que le motif est encore moins naturaliste et qu'il s'agit surtout de couleur. Et puis la date... c'est un tableau de jeunesse. Un tableau où Cézanne étudie la façon dont les couleurs se placent sur des volumes simples, à la lumière, dans l'ombre, objet mat, objet brillant. Le pinceau et le regard tournent.
Les peintres impressionnistes : Édouard Manet ; Claude Monet ; Berthe Morisot ; Camille Pissarro ; Auguste Renoir ; Alfred Sisley ; Mary Cassatt ; Edgar Degas ; Vincent Van Gogh
La semaine prochaine, un billet thématique en guise de billet conclusif. Je crois que l’une de vous a deviné le thème en question.
Je ne devine pas et j'attends la surprise!
RépondreSupprimerEh eh...
Supprimerj'ai passé du temps à Aix et j'en ai largement profité pour faire des balades dans les massifs l'hiver ( interdiction tout l'été et même parfois l'automne) j'ai refait le chemin de Cézanne, des grimpettes dans la Sainte Victoire
RépondreSupprimerquand je n'avais pas le moral mon travail étant difficile je prenais ma voiture le soir et j'allais voir le coucher de soleil sur les massifs de quoi dormir l'âme en paix
Oh oui ce sont de beaux paysages.
SupprimerEn effet, pas de balade en été. C'est interdit et en plus c'est un coup à avoir un malaise à cause de la chaleur.
https://netsdevoyages.car.blog/2020/03/20/cezanne-musee-marmottan/
RépondreSupprimerSouvenir d'une exposition récente à Marmottan Cézanne et l'Italie (à peu près)
Ah oui c'est vrai que j'avais vu passer ça sur les réseaux !
SupprimerJ'aime bien l'idée qu'on peut voir un tableau comme quelque chose de final, ou comme faisant partie du processus de développement du peintre (comme tu écris pour la Nature morte au sucrier).
RépondreSupprimerTous ces peintres me donnent envie de citer ici un peintre hongrois qui n'était peut-être pas impressioniste mais qui en tout cas a fréquenté ce milieu français, c'est József Rippl-Rónai. Je te laisse le découvrir!
Non je ne connais pas du tout. Sa fiche Wiki cite les nabis et Pont Aven et ça me parle totalement. Je vais essayer de le repérer dans les musées.
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