La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



samedi 2 mars 2024

Jésus - Résumé des épisodes précédents

 


Iconographie - La vie de Jésus - Résumé des épisodes précédents

 

Avant d’en venir à la vie de Jésus adulte, rappel de quelques moments fondateurs, grâce à de nouvelles peintures.


Tout d’abord l’Annonciation. Un épisode exploré en détail ici, mais j'ai trouvé deux autres représentations intéressantes.

L'histoire est celle de l'ange Gabriel annonçant à Marie, une jeune vierge fiancée à Joseph, qu'elle portera le fils de Dieu et celle de l'acceptation par Marie. Je vous avais montré une sculpture romane, des peintures de la Renaissance italienne et une peinture d'Otto Dix.



Ici, une peinture de Maurice Denis, Annonciation à la fenêtre du Prieuré (1916, une oeuvre déposée au musée de Saint-Germain-en-Laye, j'ai fait un billet sur ce musée). J'aime bien l'atmosphère simple et familiale de ce tableau : Gabriel porte les habits ecclésiastiques et les enfants du peintre jouent les enfants de choeur devant une Marie qui ressemble fort à leur maman. Denis a peint ce tableau dans sa maison, qui est justement un ancien prieuré. Par la fenêtre, une Nazareth de fantaisie ou de rêve, dans des tons de rose. Une oeuvre pleine de paix réalisée pendant la guerre.


Je cite Bonnard à propos de Maurice Denis :

"Ici la vie des intérieurs calmes ou des personnages de la rue se mêle aux rites catholiques. Les visages des anges ou des saints sont ceux de ses familiers. Dans son oeuvre on dit vraiment la messe, on chante réellement les vêpres."

De fait, on a une sorte de messe familiale.



Seconde Annonciation, réalisée seulement huit ans plus tôt, celle de Luc Merson (1908, musée de Cherbourg). Le décor ressemble presque à une peinture flamande, un pauvre hameau rural. Les pigeons (l'Esprit saint, symbole de la présence du dieu) s'envolent, effrayés par l'ange qui vient de se poser sur le toit, avec son geste énergique, ses ailes rouges, son éclat doré. Marie est sortie, attirée par le bruit ou l'agitation, et son attitude traduit l'acceptation. Au centre de la peinture, une porte ouverte. L'auge défoncée fait sans doute allusion à la future étable où naîtra l'enfant.

J'aime bien l'harmonie de couleurs, l'économie de moyens assez puissante, l'allure de peinture naïve et ce grand vide au centre.

Rappelez-vous, Merson a peint un très impressionnant Repos pendant la fuite en Égypte, d'un style très différent. Un art pas du tout naïf.


Nous en venons ensuite à la Visitation. Marie court annoncer la nouvelle de sa grossesse à sa cousine Elizabeth. Je vous avais montré deux représentations médiévales.



Une très jolie représentation de Paul Ranson (1894, peinture à l'encaustique sur toile, déposée au fameux musée Maurice Denis de Saint-Germain-en-Laye). Gamme restreinte de couleurs, longues silhouettes claires presque monochromes, et des végétaux déjà Art nouveau. C'est très élégant et charmant.


Sans transition, naissance de l'enfant et scène de l’Adoration, des bergers et des mages. Je vous avais montré des oeuvres très différentes, entre une sculpture en ivoire indienne, des peintures italiennes et espagnoles et une sculpture de Zadkine !



Une peinture anonyme française du XVIIe siècle, une Adoration des bergers (Rouen BA). Au centre, un tout petit enfant nu, simplement posé sur un linge et quelques brins de paille. Un dieu fragile comme un enfant nouveau-né. Au-dessus de lui veille Marie, majestueuse. Joseph à droite, avec le boeuf et l'âne. Et les bergers et leurs présents.
C'est une peinture qui a beaucoup d'ampleur et qui est d'un très beau coloris (le jaune du vêtement de Joseph, rouge et bleu pour Marie, des bruns et des verts pour les bergers). J'aime bien la fragilité saisissante de l'enfant.
Fragilité obtenue par un travestissement des proportions - on voit bien que l'enfant est beaucoup trop petit par rapport aux mains de sa maman - mais cet écart est très expressif.

Vient ensuite le récit de la Fuite en Égypte pour échapper aux soldats d'Hérode. J'avais publié un long billet iconographique sur le thème (pour moi, le clou reste la Fuite en Égypte en bateau avec des cygnes de ce fou de Tiepolo).


C'est une étude : Repos pendant la fuite en Égypte, par le Parmesan (1523 HB Courtauld). Un repos qui ressemble beaucoup à une Nativité, même si Jésus est un peu plus âgé. Il y a même le boeuf. Les deux parents sont majestueux. La figure de Joseph s'inspire certainement des représentations de Michel-Ange à la voûte de la Sixtine (rappelez-vous, Parmesan, c'est le maniérisme). J'aime bien le coloris, tout en retenue.

Les Évangiles ne racontent pas grand-chose de la vie de Jésus jusqu’à ses trente ans, à l’exception de l’épisode dit de Jésus et les docteurs. Ce silence a laissé toute sa place à plusieurs récits apocryphes, mais a aussi permis à quelques peintres d’imaginer des moments de vie, plus ou moins audacieux. Je vous laisse les découvrir ou vous rafraîchir la mémoire.

 

La semaine prochaine, nous retrouverons donc un gaillard âgé de 30 ans, prêt à faire une grande découverte.

 


3 commentaires:

keisha a dit…

Ah mais je découvre des oeuvres fin 19 début 20 qui franchement méritent d'être connues!

Dominique a dit…

je suis très heureuse que tu reprennes ce thème
je vais en profiter sois en sûre

nathalie a dit…

@Keisha : oui le hasard de mes visites m'a conduit vers cette période !


@Dominique : je sais que je peux compter sur toi. J'espère te proposer des choses qui te plairont.