La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mercredi 29 février 2012

C’est moi qui ai écrit ce papier. Qu’il soit mes yeux.


N’Fassory Bangoura et Philippe Geslin, L’Oiseau qui avait enterré sa mère dans sa tête. Carnets d’un paysan Soussou, Paris, Gingko, 2011.

Le livre dont il est question est un objet curieux. Philippe Geslin est ethnologue, son terrain est le pays Soussou en Guinée. Un de ses guides est N’Fassory Bangoura, cultivateur de riz et de sel. Celui-ci, à l’imitation de l’ethnologue, prend l’habitude de lui aussi rédiger des notes sur un cahier, le soir, à la lumière de la fin de journée. Il écrit en soussou… ce sont ces cahiers, traduits et retranscrits par Geslin que nous avons là.
Il est question de la récolte du sel, de l’adaptation de nouvelles techniques en fonction du mode de vie, du niveau des eaux. Jour après jour, on voit le fonctionnement d’une petite société, un village, au sein du pays et du monde, avec la répartition des tâches, les travaux collectifs, dans un univers toujours mobile. Le narrateur parle de « son blanc », Geslin, celui qui s’installe parmi eux, et de « nos blancs », ceux qui vont, qui partent, dans des projets coopératifs qui se succèdent.


C’est un objet étrange, proche d’un matériau brut ethnographique, même s’il ne s’agit pas exactement de ça. Ce n’est pas un texte littéraire même si une poésie se dégage de ces règles de vie scandées comme des proverbes. Le livre est illustré par de très belles photographies noir et blanc de Geslin, montrant les divers travaux auxquels sont occupés les habitants du village.
  
Yabasory a quitté son village.
Certains sortent pour chercher de la nourriture.
D’autres vont se promener.
D’autres partent à l’aventure.
D’autres ont une âme de missionnaire.
D’autres recherchent la difficulté.
D’autres recherchent du travail.
D’autres recherchent des femmes.
D’autres récoltent le miel.
D’autres sortent pour te saluer.
C’est cela un village.

Livre chroniqué dans le cadre de l'opération "Masse critique" de Babelio. Merci à Babelio et l'éditeur, Ginkgo.


 

Lili Galipette a été charmée par ce livre.

mardi 28 février 2012

Balzac, Marie et moi

Marie ne peut cacher sa passion pour Balzac et pour ce printemps elle propose toutes sortes de Lectures Communes Approximatives :
- un des récits de l'Histoire des Treize soit au choix : La Duchesse de Langeais, Ferragus  ou La Fille aux yeux d'or (mais on peut lire les trois si on veut)
- la Philosophie de la vie conjugale
- Le Faiseur, une pièce de théâtre de Balzac
- Annette et le criminel paraît-il un roman de Balzac
- la BD de Joris Clerté Vivre avec Balzac




Bon, je suis une grande fille raisonnable, donc pour le moment je suis partante pour un des trois récits de l'Histoire des Treize (j'ignore encore lequel) et Vivre avec Balzac. Pour le moment, les LCA n'ont pas encore de date. Joignez-vous à nous...


dimanche 26 février 2012

Les humeurs du samedi-manche. 2



Les humeurs ne sont pas sans rapport avec la blogosphère littéraire cette semaine. Le week-end dernier s’est passé chez de très bons amis en Haute-Provence, dans des paysages magnifiques et en revenant, je me suis plongée dans le très beau Colline de Jean Giono, je vous en parle la semaine prochaine.



On m’a prêté plusieurs livres : La Nuit, la neige de Claude Pujade-Renaud (j’ai déjà parlé du Désert de la grâce et de Celles qui savaient), à venir sur ce blog. Et deux romans de Níkos Kazantzákis, Zorba le grec  et Le Christ recrucifié… mes amis me connaissent bien. Pour rappel une page est dédiée au Pari hellène pour trouver des idées de lecture.

Et puis, en revenant, en traînant sur la blogosphère, j’ai vu que Syl. avait donné la recette du Fiadone, un gâteau corse qui avait l’air bon et facile…
Je retranscris la recette :
Il faut :
2 brousses
250 g de sucre
4 oeufs
3 citrons non traités
Dans un saladier, écrasez les brousses à la fourchette, ajoutez le sucre, les oeufs et les zestes râpés des citrons et mélangez.
(variantes sur internet : on peut séparer les blancs des jaunes et battre les blancs en neige ; on peut ajouter un peu d'eau de vie). Beurrez un moule (ou frottez le bord d'huile d'olive), mettez dans un four chaud (30-40 mn). Personnellement mon four était à 180° mais je pense que la prochaine fois je le mettrai plus chaud pour avoir un résultat doré à point et non point pâlichon :


Ne le consommez pas immédiatement. Laissez-le quelques heures au frigo pour que le parfum du citron imbibe bien tout le gâteau et c'est délicieux... Recette approuvée par deux amies, Moustachu et moi-même.

Enfin, pour faire suite au billet de dimanche dernier, voici ce que sont devenues les noisettes d'Asphodèle :



92 grammes après la « pioche » de Moustachu.

Je pars deux jours à Paris, ne soyez pas sages, retour mercredi ou jeudi avec un nouveau billet !

vendredi 24 février 2012

Peut-être l’amour est-il plus fort qu’un nom sacré.


Isaac Bashevis Singer, Le Golem, écrit en yiddish en 1969, traduit en anglais par l’auteur et paru en 1982, traduit de l’anglais par Marie-Pierre Bay, Paris, Seuil, 1997.

J’ai découvert il y a peu Singer (ses nouvelles) et quand Mazel a annoncé qu’elle lirait Le Golem en février en une sorte de LCA, je me suis dit « chouette ».
La source de l’histoire : l’histoire se déroule à Prague au XVIe siècle à une époque où les Juifs sont persécutés. Quand, sous un prétexte ou un autre, on veut se débarrasser d’eux, il est facile de les accuser d’enlever de petits enfants pour utiliser leur sang dans la confection du pain azyme de Pâques. Devant une de ces nouvelles fausses accusations Rabbi Leib, un pieux talmudiste, est aidé par Dieu. Il gagne le pouvoir de créer un géant d’argile qui ira sauver la communauté juive, le golem.
Rabbi Leib donne le nom de Joseph au Golem qui se transforme peu à peu en véritable être humain et refuse de redevenir argile et de disparaître une fois sa mission remplie. Il crée plusieurs catastrophes en raison de sa naïveté enfantine. Le mythe du golem est ancien et a donné à de multiples interprétations. Celle de Singer est une histoire pour enfants et une fable sur la tolérance, qui met aussi en garde contre l’abus de la toute-puissance et des pouvoirs échappant aux limites humaines. Joseph est une créature de Frankenstein, une créature qui fait peur, fascine et échappe à tout contrôle.

Le Golem et Rabbi Leib,
gravure de 1899, Wikipedia.

-                Pourquoi demander ? dit le golem.
-                Comme tu as été créé dans un seul but, il t’a été donné un cerveau différent de celui des hommes. Mais on ne sait jamais comment un cerveau fonctionne. Pendant que tu vas dormir et attendre le jour où tu devras retrouver Hanka, tu vas peut-être rêver, voir des choses, entendre des vois. Des démons viendront peut-être vers toi. Ne leur prête aucune attention. Rien de mal ne peut t’arriver.

C’est un roman simple mais subtil, où l’on retrouve toutes les nuances de la narration de Singer.
Toutes les infos sur le challenge de littérature juive de Mazel :


mercredi 22 février 2012

Pourquoi me regarde-t-elle avec ses yeux d’or sous ses paupières dorées ?


Oscar Wilde, Salomé, écrit en français, 1e éd. en français 1893, traduit en anglais par Alfred Douglas et Oscar Wilde. Lu dans l’édition bilingue, avec les illustrations d’Audrey Beardsley de 1894, Paris, GF, 2006.

Comme annoncé précédemment, j’ai lu Salomé, une pièce de théâtre qu’Oscar Wilde a écrit directement en français. Une très belle pièce.
L’histoire est celle rapportée par les évangiles à quelques variantes près.
C’est une pièce en un acte, qui se déroule le temps du banquet d'Hérode, le temps de l’action étant celui de la représentation. Sur une terrasse du palais d’Hérode, pendant la nuit, Salomé sort de la salle du festin. Elle exige de voir le prophète Iokanaan (alias Jean-Baptiste) que le roi a fait emprisonner dans une citerne. Elle le voit et le désire aussitôt. Devant la vacuité de son désir, ne lui reste qu’une ressource. Elle va danser pour Hérode, le roi faible et craintif, qui devine autour de lui la présence de l’Ange de la Mort. Elle danse et réclame, pour elle seule, la tête de Iokanaan.

Salomé et Iokanaan, illustration
de Beardsley, 1894, Wikipedia.

Il s’agit d’une très belle pièce, à la langue simple et lancinante. Chaque personnage scande son thème, sans communiquer avec les autres. Les imprécations du prophète croisent les avertissements d’Hérodiade à Hérode (Il ne faut pas la regarder), les demandes d’Hérode (Salomé, dansez pour moi) et le désir de Salomé (Je baiserai ta bouche, Iokanaan). Les dialogues n’en sont pas, chacun ressassant à voix haute sa musique intérieure.

Elle ressemble à une petite princesse qui porte un voile jaune et a des pieds d'argent. Elle ressemble à une princesse qui a des pieds comme des petites colombes blanches... On dirait qu'elle danse.

La pièce est froide et sensuelle tout à la fois. Froide en raison du vide intérieur des personnages, de la lumière de la lune qui tombe sur les acteurs et du sentiment de la mort. Sensuelle par la force du désir de Salomé, seul personnage réellement vivant et agissant, mue par une passion subite et fatale.

Comme il est maigre aussi ! Il ressemble à une mince image d’ivoire. On dirait une image d’argent. Je suis sûre qu’il est chaste, autant que la lune. Il ressemble à un rayon d’argent. Sa chair doit être très froide, comme de l’ivoire… Je veux le regarder de près.

Cela m’a donné envie de relire Flaubert, Hérodias et Salammbô, d'écouter l'opéra de Strauss. Participation au mois Oscar Wilde et au défi victorien d'Aymeline :



mardi 21 février 2012

Ah, mais les minutes sont semblables aux flocons de neige, il n’y en a pas deux semblables.


Olga Grushin, Le Kiosque, traduit de l’américain par Alain Defossé, 1e éd. 2010, Paris, Payot, 2011.
J’avais vaguement entendu parler de ce livre à sa sortie et quand Valou a proposé de le faire voyager, j’ai sauté sur l’occasion.
L’histoire ne se passe pas dans un lieu et une époque identifiés précisément mais tous les noms des personnages sont russes et l’atmosphère est celle d’une grande ville, où tous les désirs individuels sont enfouis, où toute parole sortant de la norme est brimée, où des hommes peuvent vérifier les papiers pour rien. Le monde de la Russie soviétique. Nous suivons pendant un an la vie d’une petite famille, Anna et son mari Serge, la mère d’Anna qui ne parle plus depuis des années et Alexander, leur fils qui sèche l’école et traîne dans la ville. Juste à côté de leur appartement, une petite file d’attente commence à se former devant un kiosque de la ville, un de ces kiosques ouverts quand ils le veulent, plus ou moins achalandés en marchandises diverses dont, on ne sait jamais, on peut toujours avoir besoin. Les rumeurs les plus folles circulent… peu à peu les choses se précisent. C’est dans ce kiosque que seraient vendus les 300 billets du concert exceptionnel que Selinsky, un compositeur parti il y a longtemps en exil, doit donner. Peut-être… Cela vaut-il la peine de faire la queue tous les jours, à toutes les heures, en attendant le moment utopique de la vente des billets ? Rumeur après rumeur, les gens de la queue vivent et discutent.

Brassaï, Kiosque, v. 1930-1932
Paris, Centre Pompidou, image RMN.
Par la fenêtre ouverte, il entendit un enfant appeler sa mère d’une voix stridente, le coup de fusil d’un pneu qui éclatait à quelques rues de là, un froissement sec d’ailes comme un pigeon plongeait d’une gouttière. Un petit silence s’étendit languissamment dans la flaque de soleil poussiéreuse devant lui. Il ne voulait pas poser la question ; il voulait poser la question ; il ouvrit la bouche, prêt à entendre quelque vérité prosaïque, comme une pierre froide qui sombrerait dans sa poitrine.


C’est un roman qui ne m’a pas conquise mais auquel je trouve beaucoup de charme, je l’aurais peut-être plus apprécié à un autre moment. On oscille entre les descriptions des actions des personnages, privés de vie à force d’habiter cette ville, et pour lesquels la perspective du concert est une unique occasion d’imprévu et de fête, et leurs souvenirs et rêves d’avenir, faits de poésies et de magie.


Merci Valou ! Si vous voulez vous aussi le recevoir, adressez-lui un message.


dimanche 19 février 2012

Les humeurs du samedi-manche. 1


Inauguration d’une rubrique d’humeur, souvent littéraire mais pas toujours, publiée le samedi ou le dimanche, inspirée de feu le j’aime/j’aime pas de Miss Alfie, que d’autres peuvent reprendre à volonté.


Cette semaine j’ai aimé :
- jouer en quatuor de clarinette
- me remettre tout tranquillement à l’écriture
- me débattre avec les codes HTML de ce blog pour créer une page FB dédiée à M&M
- un matin recevoir un colis surprise d’Asphodèle contenant :

Des noisettes de son jardin ! Quelques bons petits gâteaux en perspective...
Et de la crème de caramel... testé sur les crêpes, verdict : Slurp !
Merci Asphodèle, je suis trop gâtée !







Le colis contenait aussi un livre bien sûr mais je vous en reparlerai pour le Challenge Fitzgerald et ses contemporains, les enfants du jazz.
Le tout sous le regard de Moustachu : « Mais tu la connais ? » « Mais tu la connais comment ? » « Mais vous vous connaissez pas en fait ! ». Ouaip, c'est rien que du virtuel.

- me procurer Baltiques, volume qui recueille les poésies de Tomas Tranströmer et y lire ceci :
Il y a des jours d’hiver sans neige où l’océan est parent d’un pays de montagne, tapi dans sa parure de plumes grises,
un court instant en bleu, de longues heures avec des vagues comme des lynx
pâles, cherchant vainement un appui sur le gravier des plages.

- recevoir en cadeau d'une amie la Relation d’un voyage chez les sauvages de Paris de George Sand (aussi une lecture à venir).

J’ai beaucoup aimé une réplique entendue dans la rue mercredi matin, à propos du froid. « Enfin, on est mieux ici qu’ailleurs. Vous avez vu sur la Côte d’Azur ? »
Il me semble que seuls les Marseillais peuvent être aussi heureux et fiers d’être là où ils sont au point de juger que les autres (sur la Côte d’Azur ! les pauvres ! en plus c’est loin ! je vous assure…) sont bien malheureux.


samedi 18 février 2012

Mark et Marcel vident leur sac


Me voici encore « étiquetée » (oui, « tagguée » c’est plus classe, c’est sûr) par Syl. à cause de qui vous allez avoir droit à un déballage.
Ce questionnaire a été créé par Stéphanie du blog Paris-ci la culture et s'intitule (en l'occurrence) :

Chez Mark et Marcel dans mon sac 



Je suis donc sommée de vider mon sac et de le commenter… peut-on savoir si je suis bloggueuse en le voyant ? Ben non.

Donc : un sac rouge qui m’accompagne depuis 7-8 ans avec un porte-monnaie en peau de poisson québécois, un portefeuille rouge un peu usé (il y a un neuf qui attend que j’ai du travail pour sortir), une bouteille d’eau et des dragibus dans la petite boîte qui contenait des réglisses finlandaises, une trousse avec stylo, crayon, clé USB et morceau de sucre (pour éviter que le crayon ne casse sa mine ou que l’encre du style ne tache le fond du sac, le sucre parce que je peux être toute fragile), des boules Quies dans la boîte de fard à paupières pour quand je prends le tgv, un livre en cours (Salomé d’Oscar Wilde), un agenda pour noter les LC. What else ? quelque chose que vous ne voyez pas : l’appareil photo qui est toujours dans le sac pour saisir les graffitis de la ville. Et par là-dessus, le téléphone, lunettes de soleil, gants, bonnet. Toujours prête !
Bon normalement il y a aussi des mouchoirs en papier et de quoi attacher les cheveux et des miettes de croissant mais je vous épargne les détails.

jeudi 16 février 2012

Ils ont des robes noires, peut-être parce qu’ils portent le deuil de toutes les vertus, de toutes les illusions.


Honoré de Balzac, Le Colonel Chabert, 1832.

J’avais un souvenir vague de ce roman, ne me rappelant que l’intrigue : le colonel Chabert a été déclaré mort lors d’une bataille napoléonienne et sa femme s’est remariée. Le colonel revient misérable, ne parvient pas à recouvrer son nom ni ses biens et sa femme continue sa trajectoire vers la fortune.

Qu’a apporté cette deuxième lecture ?
D’abord une prosaïque bonne surprise : c’est très court ! Selon les éditions de 85 à 125 pages, rien du tout.
Je gardais un souvenir sombre et humide (oui) de ce roman sans doute à cause du début. J’ai relu Le Colonel Chabert dans le cadre du challenge Justice de Yuko car nous plongeons dans les arcanes des notaires et des avoués. Le pauvre colonel s’adresse à l’honnête Derville pour faire reconnaître ses droits. Mais les perspectives d’un procès, les détails des mouvements de fortune entre la Révolution, l’Empire, la Restauration et la Monarchie de Juillet campe un monde de procéduriers âpres au gain. Plus généralement, les romans de Balzac font la part belle aux hommes du droit (héritages à contester, faillites, escroqueries, spéculations) qu’ils soient honnêtes ou véreux – le droit étant souvent une arme pour les puissants leur permettant d’abattre légalement un adversaire.

J. Villon, Clerc de notaire assis 
de dos, 1894, Centre Georges 
Pompidou, image RMN.
Je n’avais pas de souvenir très précis du personnage du colonel Chabert. Il m’apparaît finalement assez contrasté. Il porte tout d’abord en lui le prestige de l’armée napoléonienne qui a conquis l’Europe et subi de grandes souffrances, qui ne peut s’adapter au monde bourgeois et  matérialiste de la Révolution de Juillet. Il est à la fois un peu naïf, d’une grande hauteur d’âme, désabusé et résigné devant l’injustice qui lui est faite.
Mais je regarde différemment le personnage de la comtesse, ex-épouse Chabert. J’avais en tête une femme dure et sans cœur, impitoyable, ce qu’elle est effectivement. Mais aujourd’hui je vois aussi la situation faite aux femmes au XIXe siècle, des biens meubles dépendant du bon vouloir de leur époux. La comtesse est cynique mais sait que si elle ne veut pas finir à l’hospice ni perdre ses enfants, elle doit manœuvrer sans une ombre d’émotion. Sans aucun doute une garce mais il est un peu facile d’en faire la grande coupable.

Cette Étude obscure, grasse de poussière, avait donc, comme toutes les autres, quelque chose de repoussant pour les plaideurs, et qui en faisait une des plus hideuses monstruosités parisiennes. 

Pour conclure je dirais que Le Colonel Chabert fait partie des très bons Balzac, sans longue description, enlevé et vivant, aux personnages plus ambigus qu’il n’y paraît, et dont il est difficile de tirer une leçon univoque.

Il s'agit d'une première Lecture Commune Approximative menée avec George et Marie.


Par ailleurs ceci est ma participation au Challenge Justice de Yuko (challenge accompli !) et une nouvelle au Challenge Balzac de Marie.








mercredi 15 février 2012

Mon coeur et mon cerveau, mes ramiers sous le vent,


J’ai souvent un volume de poésie au pied de mon lit, pour lire une ou deux pages avant de m’endormir,  en cas d’insomnie. La lecture me calme, me concentrer sur un texte, même court, m’apaise et me permet d’espérer une bonne nuit. Depuis quelque temps, Jules Supervielle tenait cette place, j'aime sa poésie toute en simplicité et finesse.

L’Appel
F. Kollar, La ioloniste Rozsi Rhéty,
Paris, Médiathèque de l’Architecture, image RMN.

Les dames en noir prirent leur violon
Afin de jouer, le dos au miroir.

Le vent s’effaçait comme aux meilleurs jours
Pour mieux écouter l’obscure musique.

Mais presque aussitôt pris d’un grand oubli
Le violon se tut dans les bras des femmes

Comme un enfant nu qui s’est endormi
Au milieu des arbres.

Rien ne semblait plus devoir animer
L’immobile archet, le violon de marbre,

Et ce fut alors qu’au fond du sommeil
Quelqu’un me souffla : « Vous seul le pourriez,
Venez tout de suite. »

L’Appel, extrait des Amis inconnus, 1934.
Supervielle va regagner la bibliothèque après avoir été corné nuit après nuit ; qui va prendre sa place ?


lundi 13 février 2012

Un soir à l'opéra


J’ai assisté vendredi dernier à l’opéra La Chartreuse de Parme, composé par Henri Sauguet en 1939 d’après le roman de Stendhal. Je ne suis pas critique d’opéra mais je vais tout de même essayer de vous en parler.
(pour les distraits mon billet sur le roman)

Je commence par le livret d’Armand Lunel. Il n’était pas question de caser l’intégralité de La Chartreuse dans un opéra en 4 actes et Lunel a choisi de se concentrer sur l’intrigue sentimentale. L’action démarre donc directement à la rencontre entre Fabrice, la duchesse et Clélia et son père, sur une route de campagne. Lors ce premier échange de regards, on y apprend vaguement que Fabrice s’est battu dans les troupes de l’empereur et qu’il est recherché par la police.
Il y a ensuite un enchaînement rapide de scènes qui n’ont pour but que d’amener l’emprisonnement de Fabrice dans la tour. L’intégralité du troisième acte se déroule dans la prison, entre les deux amants. Il se conclut par le mariage de Clélia avec le marquis et la fuite de Fabrice. Au dernier acte, la duchesse accepte finalement d’épouser le fidèle Mosca, Clélia fait savoir à Fabrice qu’elle a fait vœu de ne jamais le revoir et Fabrice, prêtre, annonce qu’il se retire à la Chartreuse de Parme.
À mon sens, le livret est le seul (mais gros) point faible de l’opéra. Lunel a privilégié le face à face amoureux en le dépouillant de l’énergie stendhalienne. Fabrice sans Waterloo et les motivations du personnage semblent vides. Ont disparu aussi les intrigues de la cour de Parme, ce qui fait que tout le début manque de cohérence. Apparemment la trame est difficile à suivre sans avoir lu le roman. Une fois l’intrigue resserrée autour de Fabrice et Clélia, l’opéra gagne en force et en intensité, même si certaines scènes sont un peu longuettes. Enfin, le catholicisme est démonstratif et sérieux, on est loin de l’ironie du roman quant au vœu de Clélia.


Enregistrement de 1958 : arrivée de Fabrice dans la prison

Je manque de mots pour vous parler de la très belle musique de Sauguet. J’ai immédiatement pensé à la Belle Époque et à Offenbach, pour sa tonalité vive. Les flonflons qui accompagnent les tirades du père de Clélia ont un petit air d'opéra comique. Dans la suite de sa carrière Sauguet a travaillé pour la télévision et la partition a de beaux élans lyriques et expressifs. Il y a des airs festifs, des cuivres qui évoquent les fêtes et la musique militaire.
Quelques très beaux airs : la flûte qui joue entre Clélia et son oiseau, l’air de la duchesse quand elle comprend l’amour de Fabrice pour Clélia et le dernier tableau où alternent le chant de Fabrice annonçant sa retraite, les larmes du public et les chants des moines. 


Photo de Bruno de Lavenère,
prise sur le site de l'Opéra de Marseille.

Il s’agissait d’une création de l’Opéra de Marseille, avec l’Orchestre (dirigé par Lawrence Foster qui a reconstitué la partition) et le Chœur de l’Opéra, qui sont toujours très bons. Difficile pour moi d’émettre une opinion envers les chanteurs, je manque d’éléments de comparaison mais je les ai trouvés très bons. Sébastien Guèze est un Fabrice plein d’énergie, Marie-Ange Todorovitch est une très belle Gina, passionnée, à la voix chaude, Jacques Calatayud dans celui de Barbone, le chef des gardiens de la prison. Je pense que Nathalie Manfrino pour Clélia était très bien mais son rôle languissant ne m’a pas convaincue.
Quant à la mise à scène de Renée Auphan, elle a tiré le meilleur de ce livret, c’était réellement très beau. Mention spéciale aux lumières de Laurent Castaingt !
Le décor est simple, avec peu d’accessoires, privilégiant des tableaux esthétiques. Les personnages évoluent souvent dans un espace réduit, dans des lumières à l’effet expressif saisissant. J’ai fait la liste des moments les plus réussis mais ils sont trop nombreux. Tout de même : la scène entre Clélia et Fabrice dans la prison où le dialogue se déroule en parallèle sur le mur, en ombres chinoises. Il est intéressant que le jeu de lumières transforme le personnage de Clélia : assez active chez Stendhal, elle apparaît ici comme une victime. La lumière fait se dessiner les barreaux de la prison sur son corps, plus que sur celui de Fabrice.

Fabrice et Clélia. Photo de Christian Dresse,
prise sur Classique.news
Les costumes (par Katia Duflot) évoquaient les années 1900 (en accord avec la musique), ce qui renforce le ton futile et l’atmosphère de fête du livret. L’intéressant est que ces costumes évoquent l’avant Première guerre mondiale alors que l’opéra a été créé en 1939, la déclaration de guerre interrompant les représentations.
J’ai envie de dire que cette mise en scène tire le maximum du livret. La duchesse en grande bourgeoise parisienne, l’implantation du roman en pleine IIIe République (alors que Stendhal est un amoureux de l’Italie et du XVIIIe siècle) évoque un tout autre monde. Le spectacle était très beau mais n’avait de Stendhal que le nom.

Dernière représentation mardi 14 février à Marseille, il reste des places !
L'opéra a été enregistré et sera retransmis par France Musique le 28 avril 2012 à 19h30.




dimanche 12 février 2012

Mon cerveau est recouvert d’engrais, d’une sorte de compost favorable aux instants écartés qui poussent et s’épanouissent aussi haut et aussi vite que des arbres de contes de fées.

Janet Frame, Vers l’autre été, traduit de l’anglais (Nouvelle-Zélande) par Marie-Hélène Dumas, écrit en 1963, publié en 2007, Paris, Éditions Joëlle Losfeld, 2011.

Dans la catégorie"Australasie" du défi d'Yspaddaden, j’avais relevé le nom de Janet Frame, dont j’avais acheté ce livre l’année dernière. J’avais oublié ce que les critiques avaient dit à son propos mais cela m’est peu à peu revenu au cours de ma lecture. Et après Rosa Montero, nouvelle révélation. J’ai beaucoup aimé ce roman.
   La narratrice est Grace Cleave, une écrivain néo-zélandaise vivant à Londres, semble-t-il depuis des années. Elle ne semble pas vouloir y retourner un jour mais une seule phrase nous éclairera : « J’ai été officiellement déclarée folle en Nouvelle-Zélande. Y retourner ? On m’y a conseillé pour mon salut de vendre des chapeaux. » Elle n’est pourtant pas folle mais sa raison semble peu terrestre et a du mal à rester fixée à la réalité du quotidien. Tout semble vivant, le paysage et les maisons. Elle vit dans un monde intérieur, navigue dans ses souvenirs d’enfance en Nouvelle-Zélande. On n’en saura guère plus.
    Le roman raconte un week-end où Grace est invitée chez un couple dans le Nord de l’Angleterre. Elle est pleine d’appréhension, fait bien attention à n’avoir que des propos de la plus plate banalité, pour ne pas se faire remarquer. Ses hôtes ne comprendraient pas si elle leur apprenait le plus simplement du monde qu’elle est devenue un oiseau migrateur… Elle vole d’un bout de la terre à l’autre, dans l’immédiateté du souvenir, la vivacité de ses pensées.
On flotte dans l’esprit de Grace, entre ses souvenirs, ses pensées et sa façon de se débrouiller dans la vie en société comme sur un chemin d’escalade où chaque mot, chaque geste est à peser soigneusement pour ne pas paraître trop bizarre ou stupide.

Courlis au long bec. Image Wikipedia.

Elle s’aperçut qu’elle avait presque toujours vécu dans un monde de gens aux yeux bleus. Ceux de Philip étaient noisette – non, pas noisette, ni jaune ni ambre ; une teinte automnale avec des petites taches qui ressemblaient aux veines de feuilles dorées ; pourtant non, pas automnale – il y avait quelque chose – voilà, ses yeux étaient comme la chair jaune d’une truite cuite, ils avaient aussi un goût doré de terre, et le doux détachement de la chair écartée de l’arête ; (…).

Un roman à l’inspiration sinon autobiographique, du moins intime. Le lecteur se trouve plongé au cœur de l’intériorité sensible d’une narratrice fragile, se cramponnant à la vie quotidienne et à l’écriture. J’ai ressenti beaucoup d’empathie pour elle, on a tous de ces moments de vacillements, d’hésitation, des bouffées d’angoisse devant les attentes des autres, même si la reprise en main est plus ou moins difficile.

Je compte lire d’autres titres de Frame. C’est donc le deuxième auteur qui m’est révélé grâce au défi d’Yspaddaden, Les 12 d'Ys.



Les 12 d'Ys : 2/12
Une longue citation de Frame.
L'avis de Claudia Lucia qui s'étend sur la dimension biographique du roman.

vendredi 10 février 2012

La LCA est ouverte !

Ça y est ! LCA - Lecture Commune Approximative - ouverte pour Le Colonel Chabert d'Honoré de Balzac (150 pages à avaler au petit déjeuner).




Un tapis de neige trop court, usé et troué, recouvrait la terre maintenant rousse.


Bruno Schulz, Les Boutiques de cannelle, traduit du polonais par Georges Lisowski, Georges Sidre, Thérèse Douchy, Chistophe Jezewski et François Lallier, 1e éd. 1934, Paris, Denoël, 2004.

Il s’agit d’un étrange recueil de nouvelles mais il pourrait aussi s’agir des passages dépareillés d’un même roman.
   Nous sommes dans une petite ville non identifiée et le narrateur est un enfant-adolescent qui raconte les jours chauds de l’été, les tempêtes de l’hiver, les bizarreries de la ville et plus encore la folie du père. Ce personnage du père apparaît dans plusieurs nouvelles, sombrant progressivement dans diverses folies. L’une où il a une immense passion pour les oiseaux et leurs œufs et où lui-même ressemble de plus en plus à un condor. Plusieurs où il incarne un des prophètes de la Thora, dialoguant avec l’Éternel, isolé dans sa folie comme un homme de Dieu seul dans une foule d’idolâtres. Une où il se transforme peu à peu en cafard et disparaît dans les méandres d’une immense maison.
   Schulz campe un univers sensuel mais où les sens sont chargés d’ambiguïté, à la fois plus vrais, plus profonds et plus inquiétants que la connaissance rationnelle. Le père du narrateur perçoit les bruits des objets et prend des poses fixes face au chat de la maison. La bonne Adèle incarne la vie du corps et la tyrannie de la propreté. Difficile de ne pas songer à Isaac Bashevis Singer… Ce qui contribue à cette atmosphère magique, c’est aussi l’indétermination du lieu et du temps : une petite ville de province, où les commerces reçoivent des marchandises venues de loin, où il y a des quartiers déterminés, une ville où roulent les fiacres, où le temps se distend et se déploie comme une grande voie lactée.
Séraphine de Senlis, Les fruits,
 vers 1928, Grenoble, musée municipal
De la pénombre du corridor on pénétrait de plain-pied dans le bain du soleil du grand jour. Les passants barbotant dans l’or fermaient à demi leurs paupières qui semblaient engluées de miel, et leur babine supérieure retroussée découvrait les dents et les gencives. Ils avaient tous cette grimace de chaleur au visage, comme si le soleil leur avait imposé un masque de fraternité solaire, et tous ceux qui se croisaient dans les rues, jeunes et vieux, femmes et enfants, se saluaient au passage de ce masque barbare, insigne d’un culte bachique peinturluré à grands traits d’or sur leurs visages.

La langue est précieuse et riche, un peu proustienne dans ses circonvolutions, fantastique dans le choix de ses images : c’est un univers vivant et animé, panthéiste. Les ballots de drap assemblés dans la boutique campent des paysages, des collines, un lac sur lequel naviguer et fuir dans un Orient lointain et rêvé. Les casseroles envahissent la ville dans une sarabande furieuse un soir de tempête…

Une nouvelle participation au Challenge littérature juive de Mazel qui a constitué une énorme bibliographie.


mercredi 8 février 2012

Le cocher rit et fouetta. Il rit aussi, et le cocher demeura silencieux.


Je me suis inscrite de bon cœur au défi victorien lancé par Aymeline en me promettant de lire Kipling, les sœurs Brontë et Georg Eliot suggéré par Grillon. Aymeline, chef de challenge dynamique, organise des mois thématiques et février, c’est Oscar Wilde.


Je viens de relire Le Portrait de Dorian Gray, non pour en faire un billet sur ce blog mais pour me le remettre en mémoire. J’ai d’autant plus apprécié cette relecture que j’avais totalement oublié que ce roman contient un éloge appuyé à Théophile Gautier et à son recueil Émaux et Camées (mais je ne devais pas connaître la poésie Gautier lors de ma première lecture).
Renversé, les yeux mi-clos, il se répétait sans cesse :
Devant une façade rose,
Sur le marbre d’un escalier.
Tout Venise était dans ces deux vers. Il se rappela l’automne qu’il y avait passé et le merveilleux amour qui l’avait amené à commettre des folies insensées et délicieuses. Il y a du romanesque partout, mais Venise, comme Oxford, a conservé un décor de roman, et, pour un homme vraiment romanesque, le décor, c’est tout, ou presque tout.

Relisons Gautier :
Venise pour le bal s’habille.
De paillettes tout étoilé,
Scintille, fourmille et babille
Le carnaval bariolé.

En réalité, c'est tout le recueil de Gautier que dévore Gray pour essayer, vainement, d'oublier ce qu'il vient d'accomplir :
Il médita les vers qui, tirant leur musique d’un marbre marqué de baisers, parlent de l’étrange statue que Gautier compare à une voix de contralte, ce monstre charmant tapi dans la salle de porphyre du Louvre. Mais après un temps, le livre glissa de sa main.

J. Whistler, Symphonie en Blanc, N°2 - 
La Petite Fille blanche, 1864
Londres, Tate Collection, image RMN
Le fameux poème commence ainsi :
On voit dans le Musée antique,
Sur un lit de marbre sculpté,
Une statue énigmatique
D’une inquiétante beauté.

Gautier donne la note esthétique (l’art pour l’art, c’est lui), tout en glaçant le thème. Rapprocher Dorian Gray des statues des poèmes de Gautier le fige dans une éternité un peu précieuse et recherchée.

Autre héros de roman français qui sert de modèle à Dorian Gray, le Des Esseintes d’À rebours de Joris-Karl Huysmans. Au cours de sa vie, Gray aura diverses passions, les plantes exotiques, les parfums, les tentures anciennes, les œuvres d’art, se lassant de tout et restreignant de plus en plus sa vie aux mètres carrés de son hôtel.
Il ressentait des faims insensées qui devenaient d’autant plus féroces qu’il les rassasiait.(...)
Car ces trésors, ainsi que toutes les collections de sa belle maison, étaient pour lui des moyens d’oublier, des façons d’échapper, pour un temps, à une peur qui quelquefois lui paraissait intolérable.

J’ai relu Le Portrait tout en ayant sous les yeux le catalogue de l’exposition qui vient d’avoir lieu au Musée d’Orsay, Beauté, morale et volupté, adaptation française de l’exposition The Cult of Beauty : The Aesthetic Movement 1860-1900. Si vous pouvez vous le procurer en bibliothèque, je vous le conseille vraiment. C’est un très bel album qui campe l’atmosphère du roman de Wilde : les objets japonisants, le goût pour la Renaissance préraphaélite, les objets d’art précieux de toutes sortes, l’importance de ces maisons dont le décor est pensé comme un tout…
Rossetti, Jeanne d'Arc embrassant l'épée de la délivrance
1863, Strasbourg, musée d'Art moderne, image RMN.
Une horrible fascination se dégageait d’eux tous. Il les voyait la nuit et, le jour, ils troublaient son imagination. La Renaissance connaissait d’étranges manières d’empoisonnements : au moyen d’un casque, d’une torche enflammée, d’un gant brodé, d’un éventail orné de joyaux, d’un brûle-parfum doré et d’une chaîne d’ambre. Dorian Gray avait été empoisonné par un livre.

Tout cela pour dire que je vais lire la Salomé d’Oscar Wilde… Salomé car Huysmans dans À rebours en livre une très belle évocation, en rendant hommage à Gustave Moreau :
Elle est presque nue ; dans l’ardeur de la danse, les voiles se sont défaits, les brocarts ont croulé ; elle n’est plus vêtue que de matières orfèvreries et de minéraux lucides ; un gorgerin lui serre de même qu’un corselet la taille, et, ainsi qu’une agrafe superbe, un merveilleux joyau darde des éclairs dans la rainure de ses deux seins ; (…).
Et on retrouve encore cette association de la sensualité de la femme nue et des matières froides et glacées.
Moreau, L'Apparition, vers 1876
Paris, musée Gustave Moreau
image RMN.
Salomé car il y a en arrière plan Hérodias, le conte de Gustave Flaubert et Hérodiade, le long poème de Stéphane Mallarmé : 
                        Reculez.
Le blond torrent de mes cheveux immaculés,
Quand il baigne mon corps solitaire le glace
D’horreur, et mes cheveux que la lumière enlace
Sont immortels. Ô femme, un baiser me tûrait
Si la beauté n’était la mort…

Et parce que le cataogue Beauté, morale et volupté contient une présentation des Salomé du XXe siècle au cinéma et à l’opéra*. Donc, bientôt sur ce blog, un billet sur Salomé de Wilde.


Extraits de :
Stéphane Mallarmé, Hérodiade. Scène, 1865. Oscar Wilde, Le Portrait de Dorian Gray, traduit de l’anglais par Vladimir Volkoff, 1890. Joris-Karl Huysmans, À rebours, 1884. Théophile Gautier, extrait de Contralto et Variations sur le carnaval de Venise, dans Émaux et Camées, 1852. Beauté, morale et volupté dans l’Angleterre d’Oscar Wilde, cat. expo., Musée d’Orsay, 2011.

Retrouvez tous les billets du défi victorien chez Aymeline.




*Je pense que les gens d’Orsay essaient de me faire une grande déclaration d’amour puisque la nouvelle exposition est consacrée à Akseli Gallen Kallela, le grand peintre finlandais.