La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



samedi 26 juin 2021

Hampton Court

 Le blog est donc parti pour présenter quelques sites de l’Angleterre verte. Toutefois, avant de repartir dans la campagne, aujourd’hui étape royale à Hampton court.

Hampton Court était au départ la résidence principale de Thomas Wolsey, le conseiller d’Henri VIII et archevêque d’York. Mais finalement c’est devenu la résidence d’Henri VIII (hop, ça, c’est fait). Ce palais d’État est ouvert au public depuis le XIXe siècle.

Il y a de la très belle brique dans cet édifice du XVIe siècle (style Tudor donc) (mais je me souviens qu’il y a aussi des appartements géorgiens) et c’est un plaisir de regarder les jeux de lumière sur les différentes teintes rouges et brunes.




Évidemment, comme dans tout château anglais, il y a un grand hall en bois avec un plafond somptueux, qui a dû être refait à plusieurs reprises.


On peut voir quelques belles peintures.

Ne loupez pas la visite des cuisines, car il y a une présentation thématique très bien faite sur l’alimentation et l’approvisionnement en nourriture du château au temps d’Henri VIII. 


Il y a aussi des mannequins de cire rappelant les faits sanglants d’Henri VIII (le roi, ses maîtresses, ses épouses et ses décapitations sont des attractions classiques des châteaux anglais). En l’occurrence, Hampton Court est hanté ! Il est notamment hanté par le spectre de Catherine Howard, la cinquième femme d’Henri VIII, qui est morte décapitée. Comme le prouve la carte postale que j’ai achetée à Hampton Court et qui montre le fantôme.

 

On y va en train depuis Londres.

La semaine dernière, nous étions à Groombridge Place. La semaine prochaine, nous visiterons une ruine.




jeudi 24 juin 2021

C’était une idée trop radicale pour la plupart des gens.

 Tracy Chevalier, Prodigieuses créatures, parution originale 2009, traduit de l’américain par Anouk Neuhoff.

 

En 1810, sur la côte anglaise, une vieille fille croise le chemin d’une jeune fille pauvre, qui cherche et trouve des fossiles au pied de la falaise. De curieux objets, serpents, dragons, ammonites, vendus aux touristes, aux collectionneurs et puis bientôt aux institutions scientifiques, car c’est alors qu’apparaissent des créatures étranges, qui n’existent plus et qui n’ont jamais existé selon la Bible.


Ils voulaient découvrir des trésors sur la plage, ils voulaient voir des monstres, mais ils ne voulaient pas réfléchir à la façon dont ces monstres avaient vécu ni à quelle époque. Ça allait trop à l’encontre de l’idée qu’ils se faisaient du monde.


Le roman retrace la jeunesse de Mary Anning, qui invente l’ichtyosaure et le plésiosaure, femme parmi les hommes, pauvre parmi ces honorables universitaires, et sa relation avec Elizabeth Philpot, qui la soutient et la défend mordicus, et qui collectionne les fossiles de poissons.

Un roman historique plutôt fidèle à l’histoire si j’en crois Wikipedia, puisque Chevalier ne semble avoir brodé que sur le côté sentimental. Nous découvrons les débuts de cette nouvelle science, la paléontologie, à une époque où de moins en moins de monde croit à la chronologie de la Bible, mais sans la remettre en cause officiellement, une époque située entre Cuvier et Darwin. D’où sortent ces créatures ? Quand ont-elles vécu ? Elles sont mystérieuses et révèlent un monde enfoui.

Météorite d'Ahumada, Mexique, 4,6 milliards d'année, Museum
C’est aussi l’Angleterre du début du XIXe siècle, où une femme ne sort pas seule dans la rue à Londres, sous peine d’être harcelée, où les femmes ne mettent pas le pied dans les institutions scientifiques, et où les fossiles qu’elles trouvent sont attribués aux hommes. Anning et Philpot s’attirent le mépris et le commérage par leur comportement extravagant (gratter les cailloux au lieu de se marier, pensez donc), leur curiosité, leur intelligence. Tout cela est bien rendu et rend le roman intéressant.

Heureusement, car la narration est aussi plate que la plaine de la Beauce. N’empêche que cela donne envie de se rendre à Lyme Regis !

 

On ne saurait nier que les fossiles constituent un plaisir insolite. Tout le monde ne les apprécie pas, car ce sont les restes de créatures défuntes. À bien y réfléchir, il peut sembler étranger de tenir dans ses mains un corps qui a cessé de vivre depuis si longtemps. Et puis, les fossiles ne sont pas de ce monde, mais proviennent d’un âge lointain très difficile à concevoir.

 

Une autrice.


mardi 22 juin 2021

Des éventails, des tabatières, des gants, des mitaines et des fichus anglais.

 Camille Dejardin, Madame Blakey, une femme entrepreneure au XVIIIe siècle, 2019, PUR.

 

On dit souvent que dans l’ancien temps, parmi les femmes, seules les veuves pouvaient bénéficier d’une relative liberté et autonomie, jouissant du statut de femme mariée, mais n’ayant pas besoin de l’autorisation d’un protecteur pour agir. Les autres se contentant « d’aider à la boutique » sans être reconnues. Sauf que l’exploration des archives montre en réalité que les femmes, de divers statuts, parviennent régulièrement à pousser les murs des interdits juridiques pour vivre, agir et entreprendre. C’est l’exemple de Madame Blakey.

On est au XVIIIe siècle, à Paris. Marguerite Aumerle épouse Guillaume Blakey (anglais naturalisé). Ils tiennent ensemble un commerce, mais lui est inventeur. Et puis, séparation de biens, mais le commerce continue. Elle ouvre le Magasin anglais. Des difficultés financières, elle tient bon. Son mari et certains créanciers l’accusent de banqueroute frauduleuse. Elle est arrêtée, jetée en prison. Elle se défend et est libérée, lavée de tout soupçon. Elle reconstruit son magasin et demande la séparation de corps. Ah mais ! Aux historiens de comprendre les ressources que peut mobiliser une femme décidée à entreprendre.


Les femmes étant exclues a priori des espaces de négociation et de décision, il y a peu de chances de trouver dans les listes de notabilité, les membres des chambres de commerce, des tribunaux de commerce, conseillers municipaux ou généraux, députés la moindre trace d’une femme entrepreneure.


Comme souvent pour ce genre de sujet, les sources habituelles ne sont guère utiles. Les femmes ne possèdent pas d’autonomie juridique et doivent sans cesse être autorisées à agir. Elles sont interdites de corporation et n’apparaissent donc pas dans les archives officielles. On les trouve dans les archives des notaires, signant des procurations, ou les archives privées, écrivant des lettres. En l’occurrence, la chance fait que Dejardin a pu étudier la correspondance professionnelle de la dame Blakey.

Bien sûr, les sources sont partielles et Dejardin est souvent réduite aux conjectures. Elle se demande notamment si Madame Blakey choisit des stratégies spécifiques parce qu’elle est une femme. C’est en partie vrai. Par exemple, on constate qu’après la séparation de corps il y a toujours une présence masculine (=une autorité responsable) pour l’autoriser à agir. Et puis, le commerce, surtout international, fait appel au crédit, donc à la confiance, donc à la bonne réputation et à la moralité. Les attentes ne sont pas les mêmes en la matière pour un homme ou pour une femme. Encore que les négociants sont surtout attachés à la bonne tenue des affaires et à leur remboursement et semblent peu distinguer le sexe de leur argent.


Les travaux actuels en histoire des femmes ne font que confirmer cet écart entre les normes et les pratiques. Plusieurs recherches récentes ont mis en lumière les stratégies féminines dans le milieu commerçant pour faire face à des interdits juridiquement établis. Dans le cas de Madame Blakey, les sources permettent aussi de comprendre les stratégies qu’elle développe elle aussi dans l’exercice de son activité. Elles concernent principalement les années qui suivent sa séparation de biens en 1762 pendant lesquelles elle acquiert une progressive autonomisation ; une dynamique qu’elle parachève en 1773 lors de l’ouverture d’un nouveau magasin, indépendamment de son époux.

Duplessis, Portrait d'une dame, Musée Condé

Nous voyons notre petite héroïne mobiliser ses réseaux, acheter en Angleterre, vendre à Paris et en province, en Suisse, à la Réunion, en Espagne. Elle emprunte, rassure ses créanciers, donne des garanties. C’est la vie quotidienne des négociants parisiens ! Se construire un réseau social solide lui permet de faire face à ses difficultés financières et juridiques et constitue une ressource qu’elle peut opposer au conflit qui l’oppose à son mari et à l’absence de soutien familial. Il lui permet d’être plus autonome.

Il s’agit d’un cas particulier, étudié en détail, et le lecteur (s’il n’est pas historien professionnel) peut rester sur sa faim en se disant : « Bon d’accord, quelques femmes parvenaient à faire du commerce, et alors ? » Ce travail ponctuel constitue pourtant une étape pour mieux connaître les réalités complexes du commerce au XVIIIe siècle, de la vie et des stratégies des femmes, qui peuvent travailler à leur compte, sans être veuves, sans être simplement des auxiliaires du mari, même si elles sont plus ou moins (in)visibles dans les archives parvenues jusqu’à nous.

Je suis très impressionnée. Cette publication est issue d’un master 2, ce qui explique ce côté ponctuel et un peu court. Mais que voilà un travail historique remarquable ! Qui laisse augurer d’une thèse encore plus intéressante ! Rendez-vous dans quelques années.

 

Il ressort de ce travail un contraste entre les difficultés institutionnelles et juridiques et une intégration sociale réussie dans un milieu négociant à prédominance masculine. La Dame Blakey s’insère dans un réseau qui a depuis longtemps déterminé ses propres règles et elle prend le parti de les assimiler pour mieux les utiliser. La mobilisation sous diverses formes de ce réseau et son succès témoignent de l’autonomie sociale dont dispose la Dame Blakey.

 

J’avoue avoir une faiblesse pour ce Magasin anglais, qui reflète un début d’anglomanie dans la France aisée du XVIIIesiècle.

Une autrice.

 

samedi 19 juin 2021

Groombridge Place

 Le week-end, ce blog aime à se balader dans les musées et les monuments, parler de vacances et de promenades. Dans la vraie vie, c’est plus statique. Les amis le samedi et je cuisine souvent le dimanche (en ce moment, c’est tarte meringuée à la rhubarbe tous les week-ends, et puis il y a des sardines, des daurades, de la soupe au pistou, manger quoi). Avec les confinements et les diverses fermetures, je suis contrainte de piocher dans les tréfonds de l’ordinateur et de mes souvenirs ET J’AI TROUVÉ ! Après cette série de billets sur l’art français du XVIIIe siècle (trouvez-en, des blogs à la programmation aussi audacieuse), je reviens à une valeur sûre, à un succès de la blogosphère littéraire, à la petite robe noire du billet touristique : j’ai nommé l’Angleterre.

L’Angleterre, son herbe verte et ses moutons, ses pubs et sa pluie du mois d’août, ses châteaux et ses jardins. J’ai effectué plusieurs séjours à Londres, mais aussi dans l’Angleterre verte (dans le Kent, à Oxford, autour de Stonehenge) et étonnamment il y a encore des endroits dont je ne vous ai pas parlé. C’est l’occasion, non ? Préparons les vacances de 2022 et 2023 (car je ne pars pas cet été).

Commençons par une petite chose, Groombridge Place.

Il s’agit d’un manoir situé dans le Kent. On ne visite que les jardins. On y trouve des démonstrations avec des rapaces et des jeux pour les enfants, c’est très familial. Je me suis contentée de me promener dans les jardins (il faisait ce jour-là une chaleur torride) et de regarder les écureuils.

En réalité, je n’ai rien à dire à part : c’est un agréable souvenir de vacances et les jardins sont jolis. Et il y a de l’herbe verte ! Je rappelle que je vis à Marseille et qu’ici c’est une denrée rare.




Grâce à Wikipedia, j’apprends que Charles d’Orléans (celui de l'hiver a laissé son manteau de froidure et de pluie…) y a été détenu prisonnier pendant plusieurs années.

Sans y être allé, vous connaissez probablement l’endroit, car c’est là où est situé la résidence de la famille Bennet dans l’adaptation d’Orgueil et préjugés de 2004. On reconnaît les douves avec le pont de pierre, très bien filmé lors de toute la séquence d'ouverture du film.


Cette visite n’est pas du tout indispensable, mais c’est très agréable. Dans mon souvenir, on peut y aller en bus depuis Tunbridge Wells.


Il existe, je crois, en ce moment un mois anglais sur les blogs. C'est l'occasion d'un coucou !


L’Angleterre verte sur le blog :

Oxford : billet généralChrist Church collegeMagdalen collègeBodleian library.

Région du Kent : Cathédrale de Canterbury, visite de la ville de Canterbury, château et jardins de Hever, château et jardins de Penshurst place, visite de Douvres.
En 2019, une balade anglo-normande : présentation, deux étapes Néolithiques (Stonehenge, et les pierres dressées d'Avebury), le palais romain de Fishbourne et ses mosaïques ; Caen et Guillaume le Conquérant ; Salisbury (la cathédrale et Guillaume) ; le château d'Arundel (et ses magnifiques jardins) ; Petworth House (et son décor de bois sculpté).


ADDENDUM MA VIE : J'ai signé, j'ai les clés de la nouvelle maison avec jardin !!!! Je suis tellement heureuse !!! Et maintenant, c'est parti pour les travaux ! Installation à l'automne.

 

jeudi 17 juin 2021

Oh, c’est une longue histoire. Je n’ai aucunement l’intention de vous la raconter.

  

Alberto Ongaro, L’Énigme Ségonzac, traduit de l’italien par Jacqueline Malherbe-Galy et Jean-Luc Nardone, publication originale 2009, édité en France par Anacharsis.

 

Le narrateur emménage dans un appartement quai des Grands Augustins (une adresse prometteuse, si vous avez lu Le Chef d’œuvre inconnu) et trouve un tableau inachevé représentant divers personnages. C’est l’occasion pour lui d’écrire le roman ou l’histoire cachée derrière la toile, un roman de cape et d’épée du XVIIIe siècle. Nous suivons Philippe Ségonzac, jeune médecin prometteur, qui doit venger la mort de son père, qui tombe amoureux d’une aristocrate et qui échappe à des tueurs et à des bandits. On croise la famille Bonacieux (bonjour Alexandre Dumas), les voleurs de Paris, Casanova (dans un interstice de ses mémoires), de l’amour et de l’amitié, et tout le ferment social de la fin du siècle des Lumières et beaucoup d’autres choses.

C’est un roman enlevé, d’une lecture et d’une relecture décidément très agréables, aux petits airs de Capitaine Fracasse. Il rend hommage aux romans du XVIIIe siècle où le héros connaît moult aventures et passe son temps à raconter son histoire à tous ceux qu’il rencontre. À lire dans le TGV ou quand on a des soucis, pour se détendre et se changer les idées !

Je l’ai relu après ma lecture de Rumba.

Sinon il y a un premier billet.

 

Dire qu’elle avait du mal à y croire est peu dire. Il y avait bien davantage, il y avait la sensation que ce qui était en train de se produire était étranger à la vie réelle et qu’elle, la jeune femme enlevée, le jeune homme qui assiste à l’enlèvement et décide de la sauver et le ravisseur lui-même avec son histoire de passion meurtrie et de désastre personnel, faisaient partie d’une aventure imaginaire, d’une fable ou d’une vieille légende racontée au coin du feu.

 

David (attribution), Portrait présumé de son geôlier, Rouen BA

mardi 15 juin 2021

Bah moi, ça va jamais très fort. Mais je finis toujours par m’en sortir.

 Radu Aldulescu, L’Amant de la veuve, publication originale 2006, traduit du roumain par Dominique Ilea, paru en France aux éditions des Syrtes.

 

Le parcours chaotique de Mite (Dimitri), un gars débrouillard, mais broyé, dans la Roumanie soviétique.

Nous suivons Mite, de son enfance avec ses frères, jusqu’aux environs de sa trentaine. Son premier amour, une veuve plus âgée que lui, son service militaire où les soldats sont employés dans des quasi-travaux forcés, son errance de petits boulots et de soirées arrosées avec des femmes (il a un certain atout), son travail de bête de somme à l’usine et puis il n’a plus rien et il ne cherche plus rien. Mite apparaît, non pas désespéré ou exclu d’un système, ni même perdu, mais s’en détachant peu à peu, refusant de jouer le jeu ou de faire semblant, comme un autre Bartleby, parce que les individus échappent toujours quand même au système, en trichant, en rêvant ou en dormant. Un Bartleby tout autant tragique, mais un peu plus minable et alcoolisé, joyeux et grimaçant.


Ça s’est passé vers l’automne. Ce Bajnoricǎ, je veux dire, c’est à lui que je pensais. Pas mauvais gars, au fond. Dès qu’il te voit tombé dans un trou, il attrape une pelle pour carrément t’enterrer… Dernièrement, il a pris une autre foutue habitude, celle de jurer à vous flanquer la chair de poule, il se frappe le poitrail comme un orang-outan de ses paumes crevassées, de vrais pondoirs à cigales ; et patati, et patata…


C’est une triste vie qui nous est racontée là, même si le lecteur oscille entre la déprime face à ces existences où rien n’est ouvert ni lumineux et le sourire devant les scènes grotesques et grand guignol qui surviennent quand on ne les attend plus.


Ben non, là-bas aussi vivent des gens et, partout où il y a des gens, il y a de la place pour le meilleur et pour le pire, et aussi une marge de manœuvre.


Il y a l’exil vers les États-Unis comme une promesse, car ceux qui ne fuient pas dès le début seront englués dans une vie sordide. Inexorablement, les voici tous avec des chaussures trouées. Malgré tout, ces individus qui se rencontrent par hasard ou qui se connaissent depuis toujours font preuve de tendresse entre eux.


Le roman peint une société corrompue et sans espoir, absurde et artificielle. Il y a comme un lointain écho de Solénoïde, car il est question de ces usines et fabriques mystérieuses, qui ne semblent rien produire, sinon un vague droit à exister pour de pauvres types qui se tuent au travail. À la fin du roman, on démolit des bâtiments, sans que l’on sache pourquoi, comme si l’on construisait et déconstruisait sans cesse, et apparaissent alors ces grandes ruines inexpliquées qui forment le décor de Solénoïde. D’ailleurs, la fameuse morgue est détruite, elle aussi.

Un long roman sur une destinée humaine.

 

Peu à peu, il s’imprégnait de son odeur forte et doucereuse, de la chaleur de ses sèves, de ses frissons silencieux qui s’amplifiaient sans cesse, jusqu’à ce qu’il s’effondre avec elle ; et de nouveau elle le suppliait d’un long gémissement répercuté par ses spasmes contre les lèvres de Mite, par les ongles qu’elle plantait dans ses épaules, refusant cette chute, tâtonnant de nouveau après sa tête et ses épaules, pendant qu’il essuyait comme des larmes contre sa cuisse, puis il rebroussait chemin vers son ventre, ses seins et ses lèvres.

 

À ce rythme, bientôt, il n’aura peut-être plus le temps d’envisager un changement. Le temps passe, le voilà qui arrive et le voilà qui passe, il est basané, il est basané, il est basané. Eh bien non, il ne passe ni n’arrive, il tourne plutôt en rond, tel un essaim de guêpes, dont on ne saurait se débarrasser en battant l’air comme un moulin ivre. Un changement ne pouvait tomber que du ciel, les grands changements ne surviennent pas juste en changeant de maître, qui reste le seul et le même, dût-on se démener tant et plus.

 

C'était (encore) une relecture, donc il y a un premier billet.


samedi 12 juin 2021

Jean Ranc

 Une série sur l’art du XVIIIe siècle français.

Aujourd’hui, le peintre Jean Ranc (né à Montpellier 1674 et mort à Madrid 1735).

Fils d’un peintre de Montpellier, il fut l’élève et le gendre de Hyacinthe Rigaud, grand portraitiste par excellence. C’est de Rigaud que vient la touche baroque de plusieurs peintres du XVIIIe siècle. Rigaud qui avait un sens de la couleur inégalé.

Donc, tout d'abord, quelques tableaux de Rigaud (il n'y a pas que le portrait de Louis XIV).


Rigaud, Études de mains (1715 musée Fabre). Fascinant n'est-il pas ? Ici plusieurs études de mains, dans diverses positions, prêtes à réutiliser par le maître ou par ses élèves dans d'autres compositions, moyennant quelques adaptations.


Rigaud, Portrait de Gaspard Rigaud (1691, Perpignan Musée Rigaud). Un dandy ! Regardez-moi ce jaune ! Et même un jaune et un doré (ça c'est chic, le manteau d'un noir profond qui souligne la blancheur du teint et la doublure dorée qui renvoie la lumière et qui est riche, riche).


Revenons à Jean Ranc. Il débute sa carrière en France et à Paris, où il peint la belle société.

Ranc, Portrait d'homme en cuirasse (1700 coll. privée). Qui est ce beau militaire ? La cuirasse est rutilante. L'or, le bleu roi, le rouge (notez les reflets de lumière sur le velours : en blanc), ça claque !

Ranc, Portrait de Nicolas Van Plattenberg dit Platte-Montagne (1703 Versailles). Ce digne monsieur a de belles mains bien fines et bien mises en valeur par le poignet de dentelles. Les grandes vagues du manteau rouge donne de l'ampleur à sa silhouette et fait ressortir le camaïeu de bruns.


Ranc, Portrait de Mme Dupuy (1700 Musée Fabre). Ce sont les mêmes couleurs. Les tons sombres font sérieux (hem - souligne la dignité) et mettent en valeur la pâleur du teint et la blancheur de la dentelle. En tout cas, le visage de cette dame est à la fois réaliste (les rides, le menton, l'affaissement de la peau autour des yeux) et un peu idéalisé avec ce teint uni, cette gorge lisse et ce regard bien droit.


Ranc, Portrait de Jeanne Catillon (1706 coll. privée). J'aime beaucoup le luxe et la délicatesse de ce corsage (parce que le satiné de la peau me semble trop lisse). Mais le peintre a très bien rendu les mystères de ces profondeurs qui se dévoilent et se cachent sous la dentelle !


Les Bourbons d’Espagne déploraient que leur cour ne possédât point de portraitiste satisfaisant. Ils auraient voulu qu’on leur envoie le meilleur du meilleur, mais ce fut finalement Ranc, élève de Rigaud, qui leur fut adressé. Ranc est donc l’auteur des portraits d’une bonne partie de la famille royale espagnole et de l’élite espagnole. Les tableaux sont à Madrid.

Ranc, Portrait de Philippe V roi d'Espagne (1723 Prado), DÉTAIL. Oui, parce que tous ces tableaux espagnols, apparemment je n'ai photographié que ce garde à cheval, à l'arrière-plan de son souverain dont on aperçoit un bout de bras... Écoutez... C'est un très beau cheval gris et j'aime bien la silhouette au tricorne du cavalier, le visage ensoleillé, devant un arc-en-ciel.


Ranc, Vertumne et Pomone (1710 musée Fabre). C'est le tableau le plus célèbre de Ranc, son chef-d'oeuvre, qui illustre la fable de Vertumne et Pomone. La belle est illuminée, avec une robe somptueuse et un bouquet au corsage.

Le musée Fabre de Montpellier avait consacré une belle exposition à Jean Ranc en 2020 (j’y étais).
La série de billets sur l'art français du XVIIIe siècle est terminée. Avouez qu'il y avait de belles choses.
Vous avez pu voir : les portraits au pastel ; le château de Champs-sur-Marne ; le style rocaille et le rococo ; la porcelaine ; les portraits de Carmontelle
Prochaine série... je ne vous dis rien, mais elle vous plaira !

ADDENDUM FRONT : J'ai une date d'opération !!!! Un peu moins de 3 semaines !!! C'est un peu plus tôt que ce que je pensais, je suis folle de joie ! Le moment venu, vous verrez donc ce blog faire une petite pause.

jeudi 10 juin 2021

Commère, on vente pas tous du même vent !

  

Maria Borrély, Sous le vent, 1930, aux éditions Parole.

 

Dans une ferme de la montagne de Lure, Marie est heureuse auprès des siens. Elle est belle, elle est jeune, elle est rayonnante, mais un jour elle croise le chemin d’Olivier. Ils s’embrassent et puis il s’en va. Alors tout va mal.


- Il s’en passe dans le monde.

- Plus que dans une courge.


C’est le roman d’une passion malheureuse, d’une femme qui se meurt d’amour, qui découvre, après une étincelle, qu’elle ne veut pas de cette vie dans le village, ménage et travaux des champs, où les femmes sont assujetties à la maison. C’est aussi le roman d’un pays comme l’on dit, avec sa langue, sa nourriture, ses pierres, ses plantes, un pays disparu. Un village où rien ne va plus, les maisons tombent en ruine, car les habitants sont partis, le sol est sec parce que l’on arrache les arbres pour cultiver la terre.


Une rafale mourait sur les confins de la plaine. L’instant d’après, il l’avait pris sur un autre ton. C’étaient des râles courts, rapprochés, comme ceux d’une horde féroce, carnassière.

On s’amusait de sa façon d’enrager.


C’est un roman beau et tragique, plus sombre que d’autres, poétique et ancré dans le concret et la vie quotidienne d’une ferme (les amandes, les olives, le blé, la céramique de Moustiers…). Le vent est une image des tourments de l’âme, des angoisses qui vous saisissent la nuit, des inquiétudes et des questions sans réponse. C’est le mistral, le vent qui rend fou.

On a des tournures de langage, celles des paysans. Mais la langue n’est pas réaliste. Borrély a fait le travail pour la rendre plus poétique, plus imagé, plus sobre – plus taiseuse – qu’elle n’est en réalité. Elle recrée un monde de poésie qui a sa profondeur et son destin.

 

Seyssaud, Labourage, dépôt de la régie culturelle régionale au musée de Martigues
Elles étaient dans leur bien, mauvais terrain pendant, à la terre blanchâtre, plantée d’une centaine de pieds d’oliviers.

Ce sont de petits arbres ramassés, puissants, et vieux et vieux. Les souches noires en sont cagneuses, crevassées. Les dures racines ondulées, soudées, font éclater la volonté de vivre.

Ils ont l’air de nains difformes gesticulant sous la clarté d’argent du feuillage.

 

Le sommeil n’est pas toujours le bain tiède où on laisse la crasse de sa fatigue et de son souci. Il y a de mauvais sommeils qui fatiguent, encrassent la cervelle et le sang.

Ceux qui sont comme des gouffres où l’on tombe et d’où l’on est rejetée, éperdue, nageant dans sa sueur…

 

Une écrivaine.

Je crois avoir lu tous ses romans (et vous aucun !!!).

Le dernier feu : c'est le premier que j'ai lu, il m'a séduite. Il y a la musique d'une rivière et la renaissance d'un village. C'est peut-être mon préféré avec ce Sous le vent.
Les Mains vides : l'errance tragique de 3 hommes sans travail (ce n'est pas le meilleur)
La Tempête apaisée : un huit-clos dans une ferme.
Les Reculas : quand les gens des Hautes-Alpes découvrent les vraies Alpes. Le récit d'un hiver en montage, avec beaucoup de sensualité.




mardi 8 juin 2021

Des vacances me donneront plus de forces à consacrer à ma vie de névrosé.

 Saul Bellow, Herzog, parution originale 1961, traduit de l’américain par Jean Rosenthal, édité en France par Gallimard.

 

Moses Herzog est le personnage principal de ce roman (pas vraiment un héros). Il écrit des lettres imaginaires à tout le monde, mort ou vivant, célèbre ou inconnu, et fait du sur-place après deux divorces et une ruine intellectuelle. Un genre de dérive affective. Pourtant, il y a la belle Ramona, ses enfants, ses frères et une certaine énergie, bancale, mais énergie quand même.


Moses ! écrivit-il, qui gagne tout en pleurant et qui pleure tout en gagnant. Évidemment il est incapable de croire aux victoires.

Attelle ta souffrance à une étoile.


Les malheurs d’Herzog nous en rappellent d’autres, que ce soient celles des personnages de Philip Roth ou des héros de Woody Allen, ces juifs américains, intellectuels, jamais en phase avec leur époque. Pourtant Herzog échappe en partie à ces caractéristiques. D’abord il est bel homme. Il est beaucoup question de son corps et de son élégance et il a beaucoup de succès auprès des femmes. Et puis il n’est pas strictement newyorkais ni même urbain. Une certaine maison au milieu de nulle part tient beaucoup de place.

Et il y a les souvenirs d’enfance, au Canada, avec un père bootlegger raté, petit combinard, la pauvreté, les ruelles sales, et toutes ces vieilles tantes avec leurs souvenirs, les roubles tsaristes et autres. Les frères d’Herzog se sont enrichis et ont choisi la voie concrète, solide et raisonnable, américaine pourrait-on dire, alors que lui semble désespérément ancré dans une dimension européenne, trop sensible, trop à côté de la plaque, trop juif sentimental.


Quand un homme sent sa poitrine comme une cage dont tous les oiseaux noirs se sont envolés… il est libre, il est léger. Et aussitôt il aspire à retrouver ses vautours. Il veut les luttes auxquelles il est habitué, son labeur innommable et vain, sa fureur, ses afflictions et ses péchés.


Un roman qui vaut par sa galerie de personnages (juristes, avocats, médecins, psychiatres, tous conseillent Herzog, sans grand effet), mais aussi par sa peinture des États-Unis des années 60. Les souvenirs de la misère urbaine de l’entre-deux-guerres ne sont pas loin. Et à deux reprises Herzog est en situation d’observer de très près la justice de son pays, celle des pauvres, celle de la misère sordide, et de mesurer la distance qui le sépare, lui, avec tous ses malheurs, de ces pauvres diables.


C’est moi-même qui me suis attiré tout ça en racontant à Ramona l’histoire de ma vie… comment, partant d’une humble origine, j’ai grimpé tous les échelons jusqu’au désastre total. 

Colville, Navire et observateur, 2007, coll. privée


Avec les vrais héros, on ne fait pas de bons romans. Moses Herzog est un personnage difficile à suivre, qui se scrute dans le miroir, et très attachant. Il ne s’aime pas vraiment et il est fier de lui. Il s’inquiète beaucoup de sa sexualité et puis il veut être un père pour ses enfants.

C’est un roman avec pas mal d’humour, car Herzog hésite à se prendre au sérieux, porte un regard caustique sur lui-même et sur ceux qui l’entourent, attentif au jeu de masques de la comédie humaine et aux petits détails de l’apparence. Il y a des formules tout à fait croustillantes, alliant la poésie à la cruauté, mais l'art de rire de soi-même est plein d'élégance. Et de l'ironie pour traiter la litanie des conseils que l’on donne aux autres, sans se les appliquer, sans les écouter.

 

Seul un métallurgiste croate grisé par les dollars aurait acheté une chemise à rayures comme ça.


La lecture n’est pas forcément aisée, surtout celle des lettres qu’Herzog multiplie (en imagination) à droite et à gauche pour développer une vision philosophico-politique. C’est assez touffu. Mais progressivement, l’horizon s’éclaircit. Alors qu’il fait d’abord du sur place, le voici capable d’aller dîner avec Ramona, puis d’aller voir sa fille, ses amis, et de récupérer ses esprits. En zigzagant, avec des retours en arrière, sans certitude, et avec beaucoup d’efforts, parce qu’Herzog n’est pas un héros, que l’avenir ne lui apparaît pas comme une avenue droite ou un soleil radieux, mais qu’à force de tâtonnements, on finit par trouver un chemin.

 

Herzog écrivit :  Ne comprendrai jamais ce que les femmes veulent. Que veulent-elles ? Elles mangent de la salade verte et boivent du sang humain.

Le long du chenal de Long Island, l’air s’éclaircit et devint peu à peu très pur. L’eau était calme et lisse, d’un bleu doux et l’herbe brillait, parsemée de fleurs sauvages : des myrtilles en abondance parmi la rocaille et les fraisiers sauvages en fleur.

 

Pourquoi faut-il que j’aie tout le temps le cœur battant… Mais c’est un fait, je suis comme ça, et on ne dresse pas les vieux chiens. Mon moi est comme ça et continuera à être comme ça. Pourquoi le combattre d’ailleurs ? Mon équilibre vient de mon instabilité. (…) Je suis obligé de jouer de l’instrument que j’ai.

 

Ma première lecture semblait inachevée et j'avais eu un peu de mal à apprécier, tout en percevant qu'il y a "quelque chose". Me voici bien plus convaincue. Cette fois, je suis fermement décidée à me procurer d'autres romans de l'auteur !

 

samedi 5 juin 2021

Les portraits de Carmontelle

Une série sur l’art du XVIIIe siècle français.

Le château de Chantilly a organisé une exposition pour montrer sa collection de peintures de Carmontelle. J’ai eu la chance de la visiter en octobre 2020 (un jour sur le blog, un billet consacré au château). Donc aujourd’hui les petites gouaches de Louis Carrogis de Carmontelle (1717-1806).

Cet homme de lettres était attaché à la maison du duc d’Orléans (quand on n’était pas rentier, on avait intérêt à se trouver un patron).

Carmontelle, Autoportrait, musée Condé


Je cite Wikipedia : « Carmontelle se fait cependant apprécier pour son esprit et pour son habileté à portraiturer les personnages, petits et grands, qui fréquentent la cour. Son principal emploi consiste à orchestrer les fêtes et les divertissements dont raffole la noblesse. À l'aide d'un dispositif qu'il a lui-même inventé, il fait défiler des paysages transparents devant les invités du duc. Il improvise des comédies dont les acteurs sont choisis parmi l'assistance. »

À la mort du duc d’Orléans, il entre au service de son fils, le futur Philippe Égalité, pour le compte duquel il dessine l’aménagement du parc Monceau. Après la mort par guillotine de son protecteur, il se retire dans un petit appartement parisien.

Carmontelle, Les Gentilshommes du duc d'Orléans portant l'habit de Saint-Cloud (coll. privée). Les historiens ont bossé et ont des noms, mais ce qui compte ce sont ces silhouettes d'un rouge éclatant, sur le fond vaporeux. Unies, mais individualisées.


Carmontelle laisse de petites pièces de théâtre et des proverbes (et un peu de critique d’art), productions destinées à distraire la famille d’Orléans, et de nombreux portraits. S’il est un bon dessinateur, ce n’est pas un grand portraitiste. L’essentiel pour lui est de parvenir à proposer l’évocation reconnaissable d’une société, grâce à l’attention portée à un certain nombre de détails. C’est un art réaliste qui donne l’impression d’un grand naturel et qui est, pour nous, plein de charme.

Il a réalisé 750 portraits, me dit Wikipedia, aux crayons et à la gouache. L’ensemble forme une galerie, où les personnes sont peu individualisées et qui constitue une image ressemblante de l’élite sociale parisienne. La majeure partie est répartie entre le musée Condé à Chantilly et le musée Carnavalet. Plusieurs ont été reproduits par la gravure.

Carmontelle, Narcisse jeune serviteur des Orléans (musée Condé). C'est une autre peinture de Carmontelle, toujours avec Narcisse, qui fait la couverture de L'Art et la race d'Anne Lafont, vous l'avez peut-être vue en librairie. Pour la haute aristocratie, posséder un jeune serviteur noir était un signe de richesse. Posté à côté de sa maîtresse au teint diaphane, il apportait une touche d'exotisme.


Madame la marquise de Rumain et ses filles, au clavecin et à la tapisserie (1768, musée Condé)
Madame D'Esclavelles et Monsieur de Linant jouant aux échecs, sous le regard de Madame Michel (1760, musée Condé).
Les occupations de l'oisiveté. Mais ce qui fait la réussite de ces dessins, c'est la justesse des attitudes et des costumes (les perruques, les bonnets, les dentelles, les motifs des tissus). Ce sont des instantanés de vie.

Madame de Moracin (1776, musée Condé). Je viens de relire Le Grand Sommeil de Chandler et j'ai envie de dire comme Marlowe : "Elle ne doit pas être de tout repos." Elle est belle, elle est élégante et elle le sait ! Les couleurs sont éclatantes.

Deux messieurs : Marie-Joseph Savalette de Buchelay fermier général (1758, musée Condé) et L'abbé Xaupi (1760, musée Condé). L'un prend la pose dans son cabinet d'histoire naturelle. Vous voyez sur la table un machin typique de la mode du temps où un coquillage est placé sur une monture en métal, avec des branches de corail. Le tout sur une pile de livres et un adorable guéridon. Le monsieur est en tenue décontractée : savates, les bas pas encore attachés, la robe de chambre à doublure fleurie, genre le regard rêveur. L'abbé est un érudit de Perpignan. Il se tient strictement assis, vêtu de noir, dans une bibliothèque, mais on voit bien ses jolies jambes fines. L'attitude est très bien choisie.

Comtesse de Boufflers-Rouverel (1760, musée Condé). J'aime ce regard perdu dans le vague. Elle a lâché son livre et oublié son thé fumant. Très jolie porcelaine soit dit en passant. Et cette robe vaporeuse blanche.

L'exposition a donné lieu à un petit livre, dont Miriam a parlé il y a peu de temps.  Sachez que l'exposition est prolongée jusqu'au 1er août, donc allez-y !

Les semaines précédentes : les portraits au pastel ; le château de Champs-sur-Marne ; le style rocaille et le rococo ; la porcelaine

La semaine prochaine, dernier billet sur le XVIIIe siècle et nous parlerons d’un peintre.